Conférence organisée au Centre Beaulieu, par les Amis de la Part Dieu. 05 56 48 22 10

Avec le P. Collas
3, rue de la Source
75016 PARIS
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Thème de l'année: DIEU ET LE MAL

10 mars 2002

Dieu pouvait-Il créer sans Mal ?

L’homme peut-il vivre sans pécher ?

C’est notre troisième réunion sur le thème de « Dieu et le Mal », et sur la présence du mal dans le monde.

Nous avons parlé, lors de la première rencontre, du scandale, de la douleur, et de l’incompréhension, que provoque le mal. Au mois de janvier, nous avons proposé la thèse de Teilhard de Chardin en soulignant qu’elle fait appel à la raison et donc à l’intelligence, mais qu’elle n’a pas les moyens d’atteindre la sensibilité elle-même. Cet homme de science a fait en sorte que l’hypothèse scientifique de l’ évolution puisse éclairer la pensée théologique : cette longue évolution de la nature, de la vie, puis de l’humanité en train de se construire, mais toujours inachevée, ne peut être que maladroite. Justement parce qu’elle est inachevée.

Le mal de l’homme n’est donc pas, d’après Teilhard, le produit de la méchanceté, mais de sa maladresse. Et si, quand nous crions vers Dieu Il semble ne pas répondre, nous savons pourtant qu’Il est là, humblement, souffrant de nous voir désespérer et de ne pas pouvoir agir à notre place, puisqu’il doit nous laisser la responsabilité de gérer nous-mêmes notre propre vie. Il reste à notre foi de tenter de comprendre que c’est pourtant à la tendresse du Père que nous devons de poursuivre notre lutte et la vie.

Tout de même, des questions se posent : Pourquoi Dieu a-t-il choisi ce style si onéreux de création ? Et : l’homme peut-il vivre sans pécher ? ( Le « péché » étant l’un des aspects du Mal le plus étudié par la théologie chrétienne.)

1°) Pourquoi Dieu a-t-il choisi ce style de création ?

Comment un Dieu de Tendresse a-t-Il pu lancer ce monde pétri d’un mal souvent insupportable, alors qu’on ne le lui demandait pas ?

D’où vient qu’une théologie chrétienne - plus perceptible après le Vème siècle - nous dise que l’homme, pourtant créé parfait, ait pu rater ainsi son entrée et la suite, et soit dès le départ devenu fondamentalement capable d’échecs et de péchés ? Et donc, de souffrance ? Nous avons dit, lors de la précédente rencontre, que pour Teilhard, l’explication par le péché originel n’était pas probante. Mais qu’en revanche, il fallait voir à la place d’une révolte la maladresse causée par notre inachèvement, lequel est dû à la lenteur de notre évolution.

Pour Saint Benoît, que l’on a cité comme un « témoin », mais aussi pour bien d’autres, la pente habituelle de l’homme, c’est le mal. Le mal, c’est l’homme qui le commet. Le bien, en lui, c’est Dieu seul. Il est vrai que la plupart des auteurs anciens, après avoir crié au désastre, se rabattent tout de même sur la miséricorde de Dieu : si minable que tu sois, compte sur la tendresse de Dieu.

Les êtres humains qui n’ont pas demandé à vivre, sont donc impliqués dans un monde où la souffrance est constamment présente. Pourquoi ?

Théoriquement, Dieu pouvait ne pas créer. En fait, débordant de tendresse et de vie, il ne pouvait pas garder pour lui seul son amour ni sa joie. Il lui fallait partager sa vie avec des créatures. Bien sûr, Il est un Dieu Trinitaire et il n’est pas seul puisque sa vie est relation, mais l’amour le déborde et il faut qu’Il crée en dehors de lui.

Pourquoi, alors, a-t-il choisi ce système qui fait que l’homme ne peut se construire et grandir qu’en passant par l’évolution et la souffrance ? En réalité, Il ne l’a pas choisi : Il ne pouvait pas faire autrement.

Nous pouvons, au vu de son œuvre, imaginer ainsi les raisons de sa décision : « Je veux des vivants qui puissent être mes fils et qui, donc, puissent devenir Dieu. Je décide de ne pas les fabriquer moi-même car ils ne seraient alors que des objets et des robots. Ils se fabriqueront eux-mêmes comme je suis moi-même par moi seul, et, ainsi, ils seront sujets d’eux-mêmes. Ils seront les auteurs d’eux-mêmes, et les gestionnaires de leur existence, comme je le suis moi-même. »

En effet, si l’homme est « fabriqué », il n’est pas à l’image de Dieu puisque Dieu n’a pas été « fabriqué » (langage peu théologique !). Donc il ne peut lui ressembler que s’il se fait lui -même. Seulement, « me faire moi-même suppose que je sois inachevé, et que donc, faible et maladroit, il m’arrivera d’échouer. Et donc, de souffrir. »

Cette souffrance vient de ce que l’homme, qui croit choisir le bien, n’a en fait qu’une vue limitée et souvent erronée des choses, ce qui le conduit à des choix malheureux. Cette « vue » (cette lucidité) n’est erronée que parce qu’elle est, comme tout le reste, en construction et donc inachevée. Et donc maladroite. Ainsi lui arrive-t-il de me présenter une chose mauvaise sous l’aspect d’une chose bonne : alors, je me trompe. Je ne suis pas obligatoirement méchant, mais, sans conteste, je suis maladroit.

De plus, Dieu veut avoir en face de lui quelqu’un qu’Il puisse aimer, à qui Il puisse dire : « Tu es beau…, tu es mon fils et mon égal, puisque tu t’es fait toi même. »

Dieu n’avait pas la liberté de faire autrement. Même s’Il est « tout puissant », Il ne peut pas faire n’importe quoi. Il peut faire ce qu’il veut, mais il ne peut pas vouloir n’importe quoi, et en particulier, il ne peut pas vouloir faire des robots. Donc les hommes ne peuvent pas non plus être des robots. Dans ces conditions, il ont à se faire et ainsi à être sujets d’eux-mêmes.

L’homme lui-même, d’ailleurs, ne « fait » pas des enfants ; il les lance dans l’existence. En effet, à partir du moment où il est conçu, l’enfant se construit lui-même, grâce au capital génétique qu’il reçoit, grâce aussi à l’éducation qui l’aide à apprendre à agir et à réagir. En fait, comme il est seul à décider et à réaliser ses actes, il en est le sujet. Et c’est en cela, justement, qu’il est égal à Dieu : égal en dignité, égal en ce qu’il est le seul auteur de lui-même, comme Dieu lui-même est seul auteur de Lui.

On peut déjà imaginer (un peu) ce qui se passera, lorsque nous nous verrons en face de Dieu : Lui-même se lèvera de son trône et se mettra à genoux devant nous. Car il sait, lui, combien le fait de devoir nous construire nous aura demandé de courage, de souffrance et d’efforts. Sa tendresse, pensons-nous, sera tellement émue par l’œuvre que nous aurons construite, qu’elle ne sera guère aveuglée par nos échecs. Il aura sans doute plus a nous « féliciter » qu’à nous blâmer.

Ainsi, lorsque le Christ lave les pieds des apôtres ( Jean XIII - 1, 20 ), il nous donne une image de l’attitude de Dieu devant l’homme. Il ne se contente pas de laver les pieds des disciples : il sait tellement que se construire soi-même est œuvre ardue et quasiment divine, qu’elle vaut largement l’admiration de son cœur. Alors, le Seigneur Jésus s’agenouille devant eux, comme les croyants, aujourd’hui, s’agenouillent devant Lui. Ainsi, sans doute, le Père nous recevra-t-il. Rappelez-vous la parole de l’Apocalypse : (7, 14, 17)« Ce sont ceux qui viennent de la grande épreuve (…) Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. »

D’ailleurs, le Christ lui-même a suivi, en tant qu’homme, le même cursus. Il est né petit bébé et sa mère a dû s'occuper de lui comme toute mère humaine. Il a grandi comme nous, a été un enfant, puis un adolescent, avec tout ce que cela représente d'éducation reçue; il a été un jeune adulte. Il lui a ainsi fallu une bonne trentaine d'années pour devenir celui qui sillonna les routes de Palestine afin d’apporter son message au monde. Comme tout être humain, l'homme qu'il a été s'est construit lui-même. Sans doute, simplement ( !) avec moins de maladresses que nous ...

2°) Si Dieu n’a pas pu créer sans Mal, nous-mêmes, pouvons nous vivre sans pécher ?

La notion de péché crée chez nous le sentiment de culpabilité. Il faut distinguer, quand on parle du péché, le mot, et la chose qu’il recouvre. La chose qu’il recouvre, c’est notre erreur ou notre échec, (notre maladresse) qui nous a blessé et qui donc a blessé le Père. La désobéissance, l’adultère, la violence, cela existe bien. Mais la couvrir du « nom » de péché, en fausse la réalité, car cette notion « culpabilise ». La culpabilisation, en effet, est un état diffus, confus, que l’on sent comme un malaise. On pense que c’est mal, et on pense que l’on a offensé Dieu, et on se sent « mal dans sa peau » devant lui.

Mais généralement on ne sait pas trop d’où vient ce malaise. Il y a comme un vice de l’intelligence qui a entendu dire qu’elle vient de désobéir à Dieu mais qui ne voit pas clairement en quoi. Lorsqu’ on lui dit : « tu as fait du mal à ton frère, à ta femme, à toi-même, » c’est clair. Elle sent bien qu’en fait elle s’est blessée, et qu’elle a aussi par le fait même blessé son frère ; mais elle ne voit pas en quoi cette blessure est une désobéissance. Le résultat de cette « non-clarté» est que sous le coup de sa honte qu’elle ne comprend pas très bien, elle prend plus de temps pour se cacher à elle-même ou aux autres ce mal dont elle a honte, que pour réparer ce qu’elle a fait. La culpabilité crée un état confus qui ne favorise pas la prise de conscience sereine du degré de responsabilité, et, de ce fait, détourne de l’urgence de la réparation.

Lorsqu’on demande à Jésus : « Quel est le plus grand commandement ? » Il répond ( Matthieu XXII -34, 49 ) : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée, c’est là le grand, le premier commandement. Un second est aussi important : tu aimeras ton prochain comme toi-même. A ces deux commandements toute la loi est suspendue et les prophètes ».

Les deux premiers commandements viennent de Dieu, dit Jésus. Et Dieu ne fonctionne que sur ces deux règles en raison même de sa structure Trinitaire. Or, il nous a donné sa structure lorsqu’il nous a faits à son image. Mais ne mettons pas sur le dos de Dieu ce qui nous revient, c’est-à-dire toutes les autres lois, parce que celles-là viennent de nous.

Les lois, en effet, que nous appelons généralement la « morale », viennent des hommes. Les hommes interprètent, analysent, inventent, en fonction de la réalité, des circonstances dans lesquelles ils vivent afin de pouvoir assumer leur devoir de se gérer eux-mêmes. Le législateur humain, Moïse, met ses préceptes sous l’autorité de Dieu pour conforter la sienne, procédé habituel, dans la Bible, et ailleurs … Il doit créer des règlements, car il lui faut former un peuple et l’aider à vivre en société. Mais le Christ rappelle que le seul absolu, c’est d’aimer Dieu et les autres. Seuls ces deux commandements sont fondamentaux parce qu’ils viennent de Dieu et qu’il sont les propres fondements de la Trinité. Tout le reste des préceptes constitue le recueil de ce que les hommes inventent pour parvenir à réaliser en eux et entre eux, ces deux commandements

Si nous devons nous édifier nous-mêmes, il faut bien nous assumer aussi comme responsables de nos lois. Si les lois qui nous aident à devenir nous-mêmes nous venaient telles quelles de Dieu, c’est lui qui nous structurerait. Or, puisque nous devons nous construire, nous devons aussi inventer ce qui nous y aidera. La vie a aussi ce sérieux.

Bien sûr, nos échecs font du mal à Dieu et le blessent puisqu’ils nous blessent. Mais ce n’est pas à Dieu que nous désobéissons. En réalité, quand nous commettons ce que nous appelons un « péché », c’est à nous que nous désobéissons ; c’est nous qui ne nous respectons pas. Or, la notion de péché met en avant la désobéissance à Dieu : de ce « bouleversement » des perspectives vient peut-être l’impression de malaise ou de honte, que nous ressentons dans la « culpabilité ». Lorsque ma relation avec Dieu se teinte de culpabilité, si j’ai honte devant lui, je ne suis plus libre, je me mens à moi-même, je ne suis pas sur la bonne voie.

Déculpabiliser l’homme, c’est le rendre à sa vérité : c’est lui qui doit inventer sa gestion. C’est donc par le fait-même, le rendre debout face à sa responsabilité : au lieu de perdre des forces à avoir honte, il se consacre à réparer, pour lui et pour ses frères. C’est ce que lui, et ses frères et Dieu, attendent. Si nous devons prendre en charge la responsabilité de notre « gestion », nous devons prendre aussi celle de nos échecs. Mais réparer, exige du courage. La honte et l’humiliation minent la force.

Quand donc nous avons à reconnaître des erreurs, des maladresses, des échecs, il nous faut aller vers Dieu. Pas pour nous accuser mais pour reconnaître. Nous ne venons pas vers lui comme un malfaiteur vers un législateur vexé, mais comme l’enfant prodigue vers « Abba ». Nous ne venons pas pour recevoir des reproches, mais pour nous faire « couvrir de baisers ». Et nous faire consoler, et recevoir de nouveau la « tunique » et les sandales », signes distinctifs du fils libre. Et puis, afin de faire la fête aussitôt après. Comme dans la parabole de l’enfant prodigue, la chaleur du baiser de Dieu nous réchauffe le cœur et réduit en cendres les échecs que nous venions reconnaître. C’est le sens profond de ce qu’on nomme le sacrement du pardon. La consolation, la libération, la remise à neuf pour que nous puissions joyeusement nous reprendre en mains.

La meilleure manière d’aider un homme à vivre, aujourd’hui, c’est peut-être de l’aider à se déculpabiliser. Même si Dieu est atteint, il faut enlever cet aspect culturel du mot péché et du mot culpabilité.

Pour conclure, si les chrétiens ont comme langage de dire à l’homme qu’il est « pécheur », il vaut sans doute mieux qu’ils se taisent. Vaincre le mal ne se fait pas en donnant au mal une dignité qu’il n’a pas.

Le message qui nous revient, c’est de proclamer que l’homme est beau et grand. Et que Dieu est tendresse.

Le Christ est venu nous révéler deux choses :

- le Dieu dont l’homme a, jusqu’à sa venue, parlé plus ou moins bien, c’est en réalité Abba, Père ;

- l’homme est réellement fait à l’image de ce Dieu. Et il est son fils. Bien-aimé, lui aussi.

Questions

1°) Que se passe-t-il lorsqu’on manque aux deux commandements de Dieu ?

St. Thomas disait équivalemment que cela n’est pas possible. Ce sont nos fondements mêmes, et on ne peut pas y toucher. Ce n’est que par un travers qu’on peut sembler y toucher. Mais cela correspond à ce manque de lucidité dont on parlait tout à l’heure. En réalité, les deux « commandements » ne sont pas des « lois » ; ils sont une structure, c’est à dire la solidité interne sur laquelle je m’appuie et à laquelle je ne puis pas m’attaquer lucidement, sous peine de me détruire radicalement.

2°) Comment peuvent « aimer » Dieu ceux qui ne le connaissent pas ou bien ont de lui une image négative, ou même rejettent l’image qu’ils en ont ?

Aucun vivant ne peut être sans relation avec Dieu. Dieu dit dans la Bible : faisons l’homme à notre image. Tout le monde est habité par Dieu, mais cela ne se trouve qu’au niveau de l’inconscient. Et ceux qui n’ont pas la foi, pressentent tout de même « quelque chose » dans leur inconscient. Quelque chose qui les aide tout de même à vivre.

Quand je me vois, je vois Dieu, ne serait-ce que dans cet inconscient et lorsque je vois mon frère, je vois Dieu car nous sommes tous à l’image de Dieu. Le visage de Dieu et le visage de l’homme sont inséparables. Cela aussi aide à vivre ceux qui « ne savent pas ».

3°) On entend dire très souvent : Dieu ne veut pas la souffrance, mais Il la permet et c’est difficilement acceptable. Dieu peut-il « remplir » la souffrance ?

C’est épouvantable de dire cela.

Dieu souffre de la souffrance, mais il ne la permet pas. Il sait pourtant qu’elle viendra. S’Il nous empêchait de faire ce qui peut faire souffrir, Il ne nous laisserait pas libres de nous construire. Mais quand l’homme est en état de souffrir, ce n’est pas sa souffrance que Dieu remplit, car la souffrance est une mauvaise chose, même si elle peut nous provoquer à grandir, mais c’est le cœur de celui qui souffre, qu’il remplit.

Et le Mal de la nature (éruptions volcaniques, tempêtes, inondations, épidémies …) ?

L’homme se construit lentement, avec maladresse, il est inachevé, mais il agit dans le contexte d’une nature qui évolue elle-même et peut connaître inachèvement et erreurs

4°) Dieu peut-il quelque chose sur la souffrance d’un être humain ?

Nous pouvons embrasser et consoler la personne qui, à côté de nous, souffre, nous faire très proche d’elle. Et c’est important, car Dieu ne peut se faire sentir à un homme qui souffre que si un humain, par sa compassion, lui sert d’intermédiaire, d’amplificateur.

5°) - On dit beaucoup que l’homme a envie d’être comme Dieu, d’être le rival de Dieu.

Le Diable, dans le récit du « péché originel », a fait une tentation de ce qui n’est en réalité que le désir même de Dieu : que l’homme soit comme Lui.

- On s’interroge beaucoup sur la théologie ou les différentes théologies ; on nous répond : allez voir dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique. Mais les gens ont du mal à admettre ce qu’il nous dit.

Au-delà de ce que nous dit le Catéchisme, et qu’il est bon de connaître, c’est la conscience, aussi éclairée que possible par la recherche et la bonne volonté, qui doit trancher. Elle est, dit le Concile Vatican II, le sanctuaire où l’Esprit veut nous parler. En définitive, c’est votre conscience que vous devrez écouter et qui vous donnera la réponse.

6°) N’est il pas écrit dans l’évangile : vous êtes des serviteurs inutiles ?

Le Christ n’a pas pu dire cela. Il faut se reporter aux conditions dans lesquelles ont été écrits les évangiles, à la formation reçue par les apôtres dans l’esprit de l’ancien testament, où Dieu est le Maître sévère.

En réalité, le Christ apporte la bonne nouvelle : Dieu n’est pas le Maître sévère, Il est « Abba ». Il dit à ses disciples au cours du dernier repas : vous ne pouvez pas tout comprendre, je vous enverrai l’Esprit.

Et l’Esprit agit aujourd’hui comme toujours et son action éclaire spécialement pour nous le texte des évangiles : il faut parfois le lire autrement et, surtout, à la lumière de la bonne nouvelle : Dieu est notre Père, un Père plein de tendresse. Tout ce que nous avons dit sur le « problème du mal », est à comprendre comme une découverte progressive de ce que Jésus voulait nous dire et que l’humanité ne « peut porter » que progressivement.

7°) Peut-on parler d’égalité entre Dieu et l’homme ?

Ce n’est pas au niveau de notre état d’aujourd’hui que l’on peut en parler, mais à propos de la structure, qui est la même, et de la beauté. En réalité, il ne faut pas faire de « comparaison ».

La transcendance de Dieu ne doit pas être comprise comme l’état d’un Dieu « tout Autre », tout « Ailleurs », « Là-Haut ». C’est en tant que Source que Dieu est transcendant. Il gardera toujours cette transcendance. Même quand nous serons achevés, il restera toujours qu’il nous a fondamentalement devancés. C’est le seul « décalage » qui demeurera entre Lui et nous.

St Augustin a écrit : « Dieu est plus intime à moi-même que moi-même ». C’est dire que Dieu m’aime plus que je ne m’aime, qu’Il me connaît mieux que je ne me connais moi-même. Mais encore une fois, même dans cette fantastique communion, il restera toujours que Dieu est ma source. Cette distinction-là est fondamentale et définitive. A cette nuance près, nous lui serons semblables.

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