.Conférence
organisée au Centre Beaulieu, par les Amis de la Part Dieu. 05
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Avec le P. Collas
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Thème
de l'année: L'EUCHARISTIE
16 mars 2003
La messe : loffertoire, la consécration,
la communion.
La présence réelle, assurance de notre divinisation.
Nous achevons aujourdhui notre réflexion
sur lEucharistie.
LEucharistie déborde largement la messe. Elle est en effet,
« lacte » que Dieu fait pour conserver, pour diviniser,
ce que lhomme réalise. Et la messe est le rassemblement
de la communauté, pendant lequel le Christ lève le voile
pour aider les frères présents à deviner ce «
geste » consécrateur de Dieu.
Cest que la Consécration nous donne la preuve palpable
de la possibilité de notre divinisation : puisque Dieu peut se
faire homme, pareillement lhomme peut être fait Dieu. Le
« phénomène » fonctionne dans les deux sens.
Cest sans doute ce que la consécration nous prouve. Quand
le célébrant reprend les paroles de Jésus : «
Ceci est mon corps », il nous montre que ce qui est créé
et qui est humain, est capable de supporter ce qui est divin. Il nous
démontre que lhumain est capable de Dieu. Il nous démontre
que notre divinisation est possible et quelle est en cours. Ce
qui nous paraît encore être du pain est le Fils de Dieu
lui-même.
En fait, la « Présence Réelle » est lassurance
de notre divinisation. Dieu est en train, avec de lhumain, de
lhumain fragile, de faire du divin et il le fait sans cesse depuis
le début de la création. Puisque Dieu peut se faire homme,
il peut aussi nous faire « dieu ». Quand je mapproche
de leucharistie, je sais que le passage de lhumain au divin
est réalisable puisque Dieu a réalisé le passage
inverse.
Et si Dieu sest fait homme cest quil sait ce que lhomme
est vraiment ; il connaît sa beauté. Lhomme et Lui
sont face à face, ils sont « tendus » lun vers
lautre. De toute la force de son amour il veut dépendre
de nous et se faire comme nous. Pour Dieu, se faire homme cest
donc laisser faire son cur.
Mais pour comprendre le réalisme de ce qui se
passe pendant la Consécration, il faut bien entendre le mot utilisé
par Jésus. Quand il dit « mon corps », il entend
ce mot selon que lentendait sa culture. Corps peut signifier,
comme pour nous, la « chair » de quelquun, mais cela
peut aussi signifier « la personne » elle-même. Et
à ce titre, la meilleure traduction de « ceci est mon corps
» est : « Cest moi ». Aujourdhui, des
contemporains entendent « le corps de quelquun comme son
« cadavre ». « Cest le Christ » rend mieux
compte de la présence réelle.
Une hostie consacrée est donc le Christ lui même, en personne,
cest lessence même de sa personne. Les chrétiens
sagenouillent ou sinclinent en passant devant lHostie
; cela veut dire quils reconnaissent la personne du Christ présente
devant eux, le Fils de Dieu et le centre de lunivers.
Pour bien marquer loriginalité de leur foi, les chrétiens
parlent à propos de lHostie consacrée, de «
présence réelle ». Ils parlent aussi de présence
sacramentelle pour la distinguer de la présence habituelle, constante,
de Dieu omniprésent dans lunivers. Tout cela pour dire
que ce qui nous paraît toujours être du pain est la personne
même du Fils de Dieu.
Toucher lhostie, cest toucher Dieu dans cette présence
réelle quil fait durer aussi longtemps que nous en aurons
besoin. Il se rend visible et palpable pour répondre à
notre besoin de le voir et de le toucher. Cest, en profondeur,
le geste du baiser que nous pouvons ainsi exprimer.
En effet, lamour veut voir, toucher lautre, supprimer les
distances. Le baiser est le geste de lamour ; il exprime le besoin
que nous avons daller au cur de lautre, de franchir
tous les obstacles, toutes les frontières, mêmes celles
du corps, et de la mort. Mais personne ne peut aller plus loin, personne
ne peut aller au cur de lautre, même sil continue
de lespérer. La communion totale, que nous visons par le
baiser, nest possible en ce monde quavec Dieu, dans la communion
eucharistique. Seule la communion nous fait entrer au cur de Dieu.
Mais elle annonce aussi, que la communion totale que nous désirons
tant tout au long de notre vie se réalisera dans lautre
vie, non seulement avec Dieu, mais aussi avec et chacun des vivants.
Chaque fois que quelquun communie, il expérimente ce besoin
et prend conscience de ce qui sera possible plus tard. De plus, il expérimente
le geste, pour toute lhumanité, de toucher Dieu, le geste,
le désir, lespérance de parvenir à une communion
entre tous les hommes dans le rayonnement de Dieu, dans la beauté
et la force de Dieu qui fait fondre les barrières, les murs,
entre les humains.
La communion de la messe nous permet de comprendre que
« toucher Dieu » cest savoir que nous pourrons réaliser
notre désir daller jusque dans le cur de Dieu, dêtre
divinisés ; et cest quelque chose que nous cherchons toujours
à comprendre, que nous ne cessons de découvrir.
Nous sommes toujours en plein mystère
Il a fallu cette longue recherche théologique des générations
antérieures pour que nous puissions dire, aujourdhui, ces
choses nouvelles. Et ceux qui viendront après nous diront dautres
choses nouvelles qui permettront dapprocher encore mieux notre
Dieu. En effet, plus on monte, mieux on voit la beauté, la grandeur
et la tendresse de notre Dieu, mieux on se rend compte de la beauté
de lhomme. Il faut continuer à monter car notre désir
est toujours là. Nous sommes faits, certes à limage
de Dieu, mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir..
Si nous ne comprenons pas que lhomme est encore plus beau que
ce que nous voyons, cest une régression.
Cest tout cela que nous révèle lEucharistie.
Les questions ont évoqué la transsubstantiation,
le recul, depuis le concile, de la présentation du Saint Sacrement.
On a parlé aussi du mal, du « pardon immédiat »
et du sacrement de la réconciliation.
On sest interrogé sur la messe et la communion, la messe
étant aussi pour toute lhumanité.
Pour le Père Sertillanges, tout ce que vit un être humain,
même un criminel, comporte quelque chose de bien, de beau, qui
est divinisé, même sil ne le sait pas. Il le saura
lorsquil découvrira Dieu.
En référence à la relation trinitaire, ce que vit,
ce qui fait lêtre humain est, assez fondamentalement, ce
quil vit, ce quil fait dans la relation aux autres.
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