.Conférence organisée au Centre Beaulieu, par les Amis de la Part Dieu. 05 56 48 22 10

Avec le P. Collas
3, rue de la Source
75016 PARIS
06 03 04 22 88   

Thème de l'année: L'EUCHARISTIE

16 mars 2003

La messe : l’offertoire, la consécration, la communion.
La présence réelle, assurance de notre divinisation.

 

Nous achevons aujourd’hui notre réflexion sur l’Eucharistie.
L’Eucharistie déborde largement la messe. Elle est en effet, « l’acte » que Dieu fait pour conserver, pour diviniser, ce que l’homme réalise. Et la messe est le rassemblement de la communauté, pendant lequel le Christ lève le voile pour aider les frères présents à deviner ce « geste » consécrateur de Dieu.
C’est que la Consécration nous donne la preuve palpable de la possibilité de notre divinisation : puisque Dieu peut se faire homme, pareillement l’homme peut être fait Dieu. Le « phénomène » fonctionne dans les deux sens. C’est sans doute ce que la consécration nous prouve. Quand le célébrant reprend les paroles de Jésus : « Ceci est mon corps », il nous montre que ce qui est créé et qui est humain, est capable de supporter ce qui est divin. Il nous démontre que l’humain est capable de Dieu. Il nous démontre que notre divinisation est possible et qu’elle est en cours. Ce qui nous paraît encore être du pain est le Fils de Dieu lui-même.
En fait, la « Présence Réelle » est l’assurance de notre divinisation. Dieu est en train, avec de l’humain, de l’humain fragile, de faire du divin et il le fait sans cesse depuis le début de la création. Puisque Dieu peut se faire homme, il peut aussi nous faire « dieu ». Quand je m’approche de l’eucharistie, je sais que le passage de l’humain au divin est réalisable puisque Dieu a réalisé le passage inverse.
Et si Dieu s’est fait homme c’est qu’il sait ce que l’homme est vraiment ; il connaît sa beauté. L’homme et Lui sont face à face, ils sont « tendus » l’un vers l’autre. De toute la force de son amour il veut dépendre de nous et se faire comme nous. Pour Dieu, se faire homme c’est donc laisser faire son cœur.

Mais pour comprendre le réalisme de ce qui se passe pendant la Consécration, il faut bien entendre le mot utilisé par Jésus. Quand il dit « mon corps », il entend ce mot selon que l’entendait sa culture. Corps peut signifier, comme pour nous, la « chair » de quelqu’un, mais cela peut aussi signifier « la personne » elle-même. Et à ce titre, la meilleure traduction de « ceci est mon corps » est : « C’est moi ». Aujourd’hui, des contemporains entendent « le corps de quelqu’un comme son « cadavre ». « C’est le Christ » rend mieux compte de la présence réelle.
Une hostie consacrée est donc le Christ lui même, en personne, c’est l’essence même de sa personne. Les chrétiens s’agenouillent ou s’inclinent en passant devant l’Hostie ; cela veut dire qu’ils reconnaissent la personne du Christ présente devant eux, le Fils de Dieu et le centre de l’univers.
Pour bien marquer l’originalité de leur foi, les chrétiens parlent à propos de l’Hostie consacrée, de « présence réelle ». Ils parlent aussi de présence sacramentelle pour la distinguer de la présence habituelle, constante, de Dieu omniprésent dans l’univers. Tout cela pour dire que ce qui nous paraît toujours être du pain est la personne même du Fils de Dieu.
Toucher l’hostie, c’est toucher Dieu dans cette présence réelle qu’il fait durer aussi longtemps que nous en aurons besoin. Il se rend visible et palpable pour répondre à notre besoin de le voir et de le toucher. C’est, en profondeur, le geste du baiser que nous pouvons ainsi exprimer.
En effet, l’amour veut voir, toucher l’autre, supprimer les distances. Le baiser est le geste de l’amour ; il exprime le besoin que nous avons d’aller au cœur de l’autre, de franchir tous les obstacles, toutes les frontières, mêmes celles du corps, et de la mort. Mais personne ne peut aller plus loin, personne ne peut aller au cœur de l’autre, même s’il continue de l’espérer. La communion totale, que nous visons par le baiser, n’est possible en ce monde qu’avec Dieu, dans la communion eucharistique. Seule la communion nous fait entrer au cœur de Dieu. Mais elle annonce aussi, que la communion totale que nous désirons tant tout au long de notre vie se réalisera dans l’autre vie, non seulement avec Dieu, mais aussi avec et chacun des vivants.
Chaque fois que quelqu’un communie, il expérimente ce besoin et prend conscience de ce qui sera possible plus tard. De plus, il expérimente le geste, pour toute l’humanité, de toucher Dieu, le geste, le désir, l’espérance de parvenir à une communion entre tous les hommes dans le rayonnement de Dieu, dans la beauté et la force de Dieu qui fait fondre les barrières, les murs, entre les humains.

La communion de la messe nous permet de comprendre que « toucher Dieu » c’est savoir que nous pourrons réaliser notre désir d’aller jusque dans le cœur de Dieu, d’être divinisés ; et c’est quelque chose que nous cherchons toujours à comprendre, que nous ne cessons de découvrir.
Nous sommes toujours en plein mystère…
Il a fallu cette longue recherche théologique des générations antérieures pour que nous puissions dire, aujourd’hui, ces choses nouvelles. Et ceux qui viendront après nous diront d’autres choses nouvelles qui permettront d’approcher encore mieux notre Dieu. En effet, plus on monte, mieux on voit la beauté, la grandeur et la tendresse de notre Dieu, mieux on se rend compte de la beauté de l’homme. Il faut continuer à monter car notre désir est toujours là. Nous sommes faits, certes à l’image de Dieu, mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir..
Si nous ne comprenons pas que l’homme est encore plus beau que ce que nous voyons, c’est une régression.
C’est tout cela que nous révèle l’Eucharistie.

Les questions ont évoqué la transsubstantiation, le recul, depuis le concile, de la présentation du Saint Sacrement.
On a parlé aussi du mal, du « pardon immédiat » et du sacrement de la réconciliation.
On s’est interrogé sur la messe et la communion, la messe étant aussi pour toute l’humanité.
Pour le Père Sertillanges, tout ce que vit un être humain, même un criminel, comporte quelque chose de bien, de beau, qui est divinisé, même s’il ne le sait pas. Il le saura lorsqu’il découvrira Dieu.
En référence à la relation trinitaire, ce que vit, ce qui fait l’être humain est, assez fondamentalement, ce qu’il vit, ce qu’il fait dans la relation aux autres.


        Vous avez des commentaires à faire ou des questions ? Vous pouvez aller à la rubrique « Ecrire » du menu principal.

 

Retour