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Thème de l'année: La Résurrection

10 Octobre 2004


Pour "mourir", l'homme doit-il changer sa vie ?


Puissent les chrétiens arriver enfin à remplacer le mot "mort" par le mot "Résurrection" ! Le jour où ils comprendront que c'est la même réalité, ils pourront vraiment témoigner de l'enthousiasme que leur donne le plan du Père, et le monde alors se convertira à la tendresse.

Voici un simple fait dont j'ai été témoin : un petit enfant, apercevant de loin son père, se précipite dans ses bras. Le geste est instinctif. Sans raisonner, ni réfléchir, l'enfant rassemble toutes ses énergies pour s'élancer. On devine la joie dans le coeur de ce père, de se voir ainsi reconnu par l'enfant, comme étant celui à qui il doit la vie. Et cela, dans un acte inconscient, qui s'est traduit par cette course. A mes yeux, ce geste est l'image de la mort la plus belle qui soit.
La mort n'est pas la disparition de l'enfant, mais cette violence irraisonnée qui le pousse vers son père. Elle n'est pas l'arrêt, la fin, mais le bondissement de tendresse d'un être, qui s'est bâti sur un terrain provisoire quoique merveilleux, et sait qu'au bout l'attendent deux bras immenses. Le terme bienheureux de toute existence n'est pas un enfouissement dans la terre, mais le jaillissement d'un enfant, au-delà de toute réflexion, poussé simplement par l'amour qu'il a construit dans sa vie, dans les bras enfin retrouvés du Père : c'est la Résurrection.

La peur de mourir vient de ce qu'on voit la mort à l'envers de ce qu'elle est. Elle est, croit-on, le passage de la terre vers un ciel dont on ne sait pas grand chose. Elle est surtout l'arrachement définitif à un sol et à des êtres aimés, pour aller trouver Dieu. Mais quel Dieu ?
Dans l'enseignement de Saint Paul, se trouvent deux vues contradictoires : la première est que, se faisant homme, Dieu s'est anéanti, vidé de lui-même, de sa grandeur, et qu'il est devenu esclave comme nous le sommes. Alors que dans Actes 17, 22-28, il affirme que "nous sommes de sa race".
L'histoire de la révélation du visage de Dieu aux humains est un drame, parce que nous sommes héritiers d'un double testament, porteur de cette contradiction. Nous y avons découvert d'une part, un faux visage et de l'homme et de Dieu, et d'autre part, son vrai visage. Au 7-8ème siècle av JC, quand le roi de Babylone a autorisé les juifs déportés à revenir dans leur pays, le peuple choisi s'est trouvé devant une difficulté particulière : le peuple n'existe plus, on a oublié le vrai Dieu. Un devoir s'impose aux prophètes : redire le vrai visage de Dieu, et pour cela mettre par écrit les " mémoires immémoriales ", qui ont précédé la déportation. Or dans cette urgence, une idée a tout de suite émergé : le Dieu d'Israël est infiniment grand, et l'homme est pécheur. Nous sortons d'un Dieu qu'on ne magnifiera jamais assez, et qui a affaire à des mécréants dont on ne noircira jamais assez le visage. Israël a cru en effet, que pour montrer la grandeur de Dieu, il fallait montrer la malignité de l'homme, plus que sa grandeur. L'intention était bonne, mais il faut aujourd'hui la décrypter. Où a-t-on pris que pour grandir Dieu, il faille abaisser ses enfants ? L'Ancien Testament présente un Dieu au-delà de toute atteinte, perdu dans une éblouissante sainteté, et infiniment au-dessous de lui, des hommes de temps à autre courageux, en général méprisables. Ce trait est exagéré, mais vrai. Voulant faire du Dieu du monde la description la plus éblouissante, et sachant que ce peuple avait la "nuque raide", les prophètes en ont donné une image écrasante. Le visage de Dieu qui ressort de l'AT est un Dieu terrible, face à un homme misérable.
Ni l'un ni l'autre n'est vrai. Le Dieu véritable, c'est Jésus qui l'a révélé.

Il est difficile de parler de la Résurrection, sans doute parce qu'elle est le moment essentiel de notre vie, son pivot absolu. C'est en effet le moment vers lequel depuis ma conception j'avance, et d'où je rejaillirai pour l'éternité ; le lien entre le temps et l'éternité, entre le pays des hommes et celui de Dieu. Or, la théologie de l'AT, pourtant améliorée par le NT, a établi un abîme qui peut sembler infranchissable entre la terre et le ciel, entre la grandeur de Dieu et la petitesse de l'homme. Dieu, c'est un autre monde. Comment la terre nous préparerait-elle au ciel ? Qu'y a-t-il de commun entre le lieu où nous nous traînons et celui où Dieu réside ? Entre le Dieu de tendresse et les égoïstes que nous sommes ? C'est bien ce que dit d'une certaine manière St Paul : Le Christ, le Fils de Dieu, égal du Père, en tombant de son ciel de gloire sur notre terre de poussière et sur notre boue, a perdu tous ses attraits divins.
Admettre un tel abîme, entre le Dieu de tendresse révélé par Jésus et nous qui ne désirons qu'aimer et être aimés, est scandaleusement faux. Car "nous sommes de sa race", une expression qui est pourtant bien de st. Paul, elle aussi ! Autrement dit, nous sommes de la même nature que Dieu, de nature divine. Comment Paul a-t-il pu croire par ailleurs que dans son ciel inaccessible, Dieu n'était approchable qu'à condition que nous soyons écrasés, et tout à la fois passer par-dessus cet abîme ?!

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