Conférence
organisée au Centre Beaulieu, par les Amis de la Part Dieu. 05
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Avec le P. Collas
3, rue de la Source
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 Thème de l'année: L'homme image de Dieu
(Beaulieu, session du 28 janvier 2007)
«LA BEAUTE DE DIEU, LA BEAUTE DE L’HOMME» Le travail des chrétiens consiste, avec patience et foi, à restaurer le visage de l’homme que l’Eglise a trop souvent voilé, parfois pour exercer, peut-être inconsciemment, une pression sur les consciences. Elle a noirci le visage de l’homme en lui répétant qu’il était pécheur.
Ce n’était d’ailleurs pas seulement pour lui dire qu’il y avait en lui des faiblesses ou du mal mais, en réalité, c’était un regard inspiré de l’Ancien Testament. Elle avait la certitude que l’homme devait être sauvé de son péché.
Le travail majeur de l’Eglise, pendant des siècles, a été de ciseler le péché sur le visage de l’homme pour le persuader qu’il avait besoin d’être sauvé. L’être humain, accusé pendant des siècles d’être pécheur, a fini par voir sur son visage, d’abord l’image du péché. La marque du péché a écrasé l’homme et, réduit à son côté pécheur, il a du mal à regarder ce Dieu d’amour qui l’avait pourtant créé à son image.
Lorsqu’on est parent ou éducateur, la seule manière d’apprendre à un enfant à grandir, c’est de lui montrer d’abord ce qui est bien en lui, ce qu’il a réussi. Pour ce qui est du chrétien, l’échec, le mal et le péché, qu’on lui a reprochés pendant si longtemps, l’ont conduit souvent à voir en lui d’abord le négatif. Tout cela s’inscrit aussi dans l’inconscient et le risque majeur en est la désespérance.
Cette situation existe encore aujourd’hui. Et pourtant, aujourd’hui l’Eglise se doit d’être un miroir dans lequel l’homme puisse se reconnaître dans sa vérité, et donc dans sa beauté. S’il se voit comme pécheur, il ne peut pas voir le sourire que Dieu lui adresse ni sentir sa tendresse. Si l’Eglise a changé l’image de l’enfant de Dieu, l’homme, en se regardant dans le miroir, ne voit pas en quoi il peut ressembler à Dieu et il ne voit pas que Dieu lui sourit.
Dieu ne sait pas faire autre chose. Son visage est celui du Père regardant son Fils à Bethléem et admirant toute la beauté du bébé. Ce sont les mêmes yeux qui me regardent, moi qui ne suis plus un bébé mais un homme qui a vécu déjà un bon bout de vie. C’est la même tendresse et c‘est le même fils. Le Père regarde non pas nos faux plis mais, dans le fond de notre être, une beauté unique. Même si notre propre regard n’est pas assez pénétrant pour regarder le Fils en tout homme, comme Dieu, pourtant, le fait.
Dieu, quand il nous regarde, que nous soyons enfant, adulte ou vieillard, a le même regard qu’il avait lorsqu’il nous regardait bébé. Son regard traverse les rides, les signes de vieillesse, de laideur parfois, pour voir cette beauté d’origine qui n’a fait que mûrir. Ce n’est pas le mal, l’échec, le péché, qu’il regarde en nous, mais d’abord notre beauté. Il faut donc faire disparaître ce faux visage dont l’Eglise a ‘fardé’ l’humain.
Qu’il en soit donc fini de ces dénonciations systématiques du mal, du péché. Nous ne sommes pas au milieu de nos frères les hommes pour noircir leur visage, et pas plus pour leur inculquer un sentiment de culpabilité ou de désespérance. Il n’y a qu’une seule urgence pour l’Eglise d’aujourd’hui, c’est de révéler à l’homme qu’il est beau, parce qu’il est à l’image de Dieu. Même si le dessin de cette image est encore en cours.
Le positif est la seule chose qui tienne et nous ne pouvons être, pour l’homme, que des éveilleurs à sa beauté. Dans le passé nous avons manqué à ce devoir essentiel. Il ne revient plus à l’Eglise de condamner. Il nous faut prendre l’engagement de regarder vivre chacun de nos contemporains et de découvrir d’abord ce qui est beau en eux, dans leur visage ou dans leurs yeux : nous devinerons alors, voyant en eux, quelque chose des yeux de Dieu. Les Chrétiens ? des chercheurs, des révélateurs de beauté.
La seule théologie d’hier, d’aujourd’hui et de demain, c’est de dire que l’homme est à l’image de Dieu.
Lorsqu’un éducateur ne voit que le mal fait par l’enfant, il enfonce l’enfant plus profond encore dans le mal qu’il a pu faire. Tout regard exclusivement négatif, porté sur soi ou sur les autres est dévalorisant et peut être destructeur. Si l’on poussait trop loin ce regard, l’enfant, l’adolescent, ou l’homme, finiraient pas ne plus croire en eux ; et ne plus croire en Dieu ; il pourra croire, en revanche, plus aisément au démon, prince du mal. Fausser le regard d’un homme sur lui même, c’est fausser son regard sur Dieu.
Quand il se tient devant son Père, et s’il n’est pas trop replié sur lui-même et sur sa misère, l’homme reprendra souffle sous la chaleur du sourire de Dieu. Et ce sourire soulèvera le voile de dépit dont nos religions trop souvent le recouvrent, pour lui révéler sa réelle beauté.
L’important, aujourd’hui est de décaper le visage de l’homme et d’y transpercer le mal jusqu’à voir, en dessous, la beauté. Serait-ce changer la foi ? La foi ne consiste pas seulement à croire en un Dieu Sauveur du mal, mais à avoir la certitude que Dieu a déjà, et avec nous, vaincu le mal. C’est contre la désespérance qu’il faut désormais se battre.
Le geste que notre société attend de l’Eglise consiste à délivrer l’homme de sa désespérance, à lui redire qu’il est à l’image de Dieu et que Dieu ne peut que l’aimer. C’est pour le dire que le Christ s’est fait homme et qu’il est mort sur la croix.
Il faut aujourd’hui changer le courant. L’être humain doit partir de ses qualités s’il veut se construire. Il faut que nous soyons des chercheurs de la beauté dans le visage et l’être de nos frères, mais aussi en nous même, car il faut aussi croire et pour les mêmes raisons, à notre propre beauté.
La structure de base de l’homme est la beauté et notre premier devoir c’est de tenter de la voir, d’abord, et d’y croire pour chacun de nous, et face à Dieu qui est beauté et tendresse. Rechercher chaque jour, chez n’importe lequel de nos frères, sa beauté, la découvrir et la lui révéler en même temps que la beauté et la tendresse du Père, c’est cela, sauver un frère de la désespérance.
Rien n’est plus profond et plus beau qu’un regard de bébé et quand Dieu s’est fait homme, il s’est fait d’abord bébé.
REPONSES AUX QUESTIONS
On commence à sentir que l’Eglise évolue. On sent aussi que les jeunes commencent à réagir positivement.
On peut être blessé par un regard négatif systématique. Tout jugement négatif comporte un réel danger. Cependant, penser que quelqu’un est pervers, s’il l’est vraiment, ce n’est pas le condamner, c’est être lucide. Mais il faut aussi l’aider pour qu’il s’en sorte à voir aussi en lui sa beauté.
On ne peut pas dire à n’importe qui que nous sommes de structure divine car cela peut ne pas passer : la vérité sur Dieu est révolutionnaire. Au point d’ailleurs que le Christ, pour l’avoir proclamée, est mort sur la croix
On peut difficilement expliquer cette vision à un groupe. Il est plus facile de le faire en tête à tête : ce qui parait révolutionnaire passe mal, quand c’est dit « de trop loin »
La structure de Dieu c’est l’Amour. La structure de l’homme, à l’image de Dieu, c’est nécessairement l’amour.
Il faut éviter de se laisser déstructurer et déstabiliser soi même car cela peut nous entraîner à déstructurer et à décourager les autres. Tout cela peut jouer également dans le milieu familial ou scolaire, et dans la catéchèse. Lorsqu’une personne est en train de se déstructurer, on peut l’aider en lui faisant découvrir qu’il y a en elle quelque chose de beau.
L’histoire de l’homme présente de la beauté malgré les difficultés, les obstacles rencontrés (guerres et autres). C’est toujours la vie, c’est toujours l’amour qui l’emportent. C’est l’évolution qui a fait l’homme mais elle n’a pu le réaliser que parce que Dieu a préparé les conditions de cette évolution de telle sorte que l’homme puisse être semblable à Lui. Il savait que c’est par l’évolution que passerait sa volonté, malgré les difficultés inhérentes.
L’évolution est responsable de tout cela, mais l’homme est responsable de lui-même.
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