Retraite 2003. organisée à Avajan, par les Amis de la Part Dieu. 05 56 48 22 10 Avec le P. Collas CORPS ET ESPRIT.
Conclusion : la résurrection
de la chair.
Au terme de ce cheminement, nous pouvons être, à juste titre, impressionnés par la part spirituelle de nos vies. Mais nous pouvons aussi être gênés d'entendre proposer l'idée que la matière soit en fait le point ultime de l'évolution de l'esprit ; que l'esprit doive croître au point de devenir " matière ", et que, finalement, notre corps soit simplement le superbe aboutissement des maturations de notre esprit. Et pourtant, si, comme nous le déduisons des résultats de la recherche contemporaine, il est possible de " descendre " aussi directement de la matière visible à l'esprit que l'on ne voit pas, c'est que l'on passe sans rupture de l'un à l'autre. Et qu'alors, nous avons le droit de présumer qu'esprit et matière sont de même structure et d'unique origine. Et que l'un et l'autre ne sont ni compatibles ni complémentaires, mais constituent bel et bien les deux " temps " d'une même réalité. Et si dans cette logique, nous avons admis que l' " esprit " se couronne en " matière ", cela veut dire que la matière n'est pas la dégénérescence mais le résultat de l'évolution de l'esprit. La chair : en théologie ce mot résume tout ce que nous venons de dire, et c'est pourquoi je l'ai réservé au denier titre de la retraite. Parce qu'au sens biblique, en effet, " chair " signifie, non seulement les cellules de nos corps, mais la personne elle-même qu'elles enserrent et nourrissent, je désire terminer notre réflexion sur cette promesse du credo qui annonce " sa résurrection ". L'éternelle fête des vivants, non pas débarrassés des " lourdeurs de la chair ", mais " sertis " pour toujours dans sa splendeur et son humilité. Le mépris dont, un temps le christianisme a pu entourer la matière, n'est plus de mise aujourd'hui. Nous avons le droit de partager de nouveau sans arrière-pensée, l'allégresse de saint François devant " frère soleil " ou même " frère oiseau ". Et bien sûr, et à plus forte raison, devant " frère âne ". Mais que Frère âne, justement, n'oublie pas que blesser la matière ou la mépriser, comme il en est parfois tenté, serait se saigner lui-même. Nous croyons que la matière est la visibilisation du travail caché et titanesque effectué par les virtualités en évolution depuis au-delà de " la nuit des temps ". Nous croyons que Dieu n'a pas craint de la voir poindre quand il libérait lui-même la lumière et confiait à la " Terre " la production de ce qui allait venir, et l'homme avec. La matière qui aura été le périmètre et l'enclos de la personne que nous aurons construite, est sacrée. La matière dans laquelle Dieu a incarné son Fils devenu homme, et l'y a suivi quand il marchait au soleil, mangeant les fruits de la terre, couchant sous les oliviers , et demandant aux montagnes de souligner en couleurs de terre le visage de son Père. Ni accident provisoire de l'évolution, ni pis-aller, mais bien l'état que prend l'esprit quand il se densifie pour se rendre sensible, la matière est ainsi l'étape ultime de l'évolution et le dernier palier avant de voir Dieu. Là devrait se greffer la question de la " mort du corps ". Question qu'un jour peut-être nous pourrons affronter ensemble. Mais en attendant, malgré la béance de cette question et portés par notre logique et notre foi en l'Eternité, nous croyons, que la matière qui est la sculpture de l'esprit, sera à la Fête que le Père prépare pour l'homme au terme de son édification. Et fidèles à cette logique, dont nous
savons bien qu'elle convient mieux à notre intelligence que l'absurde
d'une vie sans suite et d'un amour sans fruits, nous croyons enfin que
la Matière cosmique, cousine de notre Matière personnelle
et résultat, elle aussi, de l'Evolution, prendra sa part de la
joie des fils de Dieu. Que la montagne et la mer, la " campagne
en fête ", la forêt, et les prairies, et les bêtes,
nos surs, participeront à la farandole. Et que le
trop-plein de conscience que grâce à elles nous aurons
acquis, rejaillira sur elles pour qu'elles puissent voir comme nous,
l'éternel festival que le Père aura préparé
à partir de ce que nous aurons fait et de ce qu'elles auront
été. " Pour que rien ne soit perdu. "
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