Retraite 2003. organisée à Avajan, par les Amis de la Part Dieu. 05 56 48 22 10 Avec le P. Collas CORPS ET ESPRIT.
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I. Deux sources
pour voir Dieu en relief. Lexpression « Dieu caché »,
de lAncien Testament, nest pas à prendre au pied
de la lettre. Questions neuves sur la matière. Ces questions sont inaudibles pour qui a été formé à voir dans la matière, et donc dans le corps, le lieu vraisemblable où le Mal a pris naissance. Na-t-on pas enseigné que la capacité de pécher se situait dans la matière ; entendez : dans le corps ? Comment, dans ces conditions, cette matière pourrait-elle supporter dans sa « bassesse » la moindre idée valable sur Dieu ? Tout juste était-elle capable, dans lhistoire des Juifs, de fournir de quoi sculpter des idoles. Mais des idées sur Dieu allons donc. Et si, lorsque nous parlions ainsi de la matière, nous avions mal saisi lunité du dessein de Dieu ? Et si nous avions eu tort de la diaboliser au point de la rendre en partie responsable du mal de lesprit, et de nous faire, nous, incapables dattendre delle quoi que ce soit de convenable qui puisse nous donner une idée saine sur Dieu ? Et si cette vision de Dieu jusque là réservée à lesprit seul, se révélait être une fonction dont le corps aussi aurait la charge ? Aurions-nous eu tort de ne chercher à voir Dieu que par lintermédiaire de lesprit et de laisser de côté, dans cette auscultation, le corps et, en un sens plus large, la matière ? Et, ce faisant, aurions-nous stérilisé lun des deux chemins qui mènent lhomme à la rencontre de Dieu ? En revanche, serions-nous poussés aujourdhui à reconnaître un rôle équivalent à ces deux faces de notre personnalité dans la découverte de Dieu ? Serions-nous devenus capables de les prendre ensemble, sans en privilégier aucune, comme on règle à la fois les deux lentilles des « longue-vue » pour voir de plus près et en relief, lautre côté de la rive ? Et, dans ces conditions, tout en faisant confiance autant à la science quà la théologie, serions-nous prêts à rééquilibrer notre appréciation sur laide que nous pourrions attendre des deux itinéraires, spirituel et matériel qui mèneraient, doù nous sommes, directement vers Dieu ? Et puis, en poussant plus loin encore son analyse de la matière, la « science » ne serait-elle pas en train dy découvrir des caractères qui semblent rapprocher sa structure de larchitecture de lesprit ? Deux disciplines surs. Voir Dieu « en relief » exigerait-il quil soit perçu autant par les yeux et les mains que par la réflexion ? Ira-t-on jusquà dire que la difficulté que nous avons à le pressentir viendrait de ce que nous ne le cherchons quavec un seul il, lil de lesprit, ou de lâme, comme diraient les chrétiens, mais sans celui du corps ? Dieu serait-il visible alors que nous ne saurions pas le voir ? Le verrions-nous, en fait, sans savoir que nous lavons vu ? Sans savoir, parce que lhabitude de ne juger de lui que par lesprit, nous aurait privés dattendre les données que la matière, pourtant, aurait pu nous fournir, si nous lavions, elle aussi écoutée ? Alors, parce quaujourdhui lesprit pressent quil peut sapprocher davantage de ce qui le dépasse, il tâte avec ses mains autour de lui à la recherche de voir plus profond. Et voici quil ose scruter autrement la réalité qui lentoure. Et puisque la part la plus proche de lui est la matière, il soccupe à la scruter pour discerner si elle ne recèlerait pas une ouverture sur le Dieu quelle cherche. Et il découvre que la matière dont on pensait quelle était aux antipodes, nest pas aux antipodes, mais, elle aussi, dans la proximité immédiate de Dieu. Il réalise quil est lié à la matière comme la lumière du soleil aux particules qui la portent, et que leur amarrage réciproque explique ce que nous voyons, et explique aussi que nous pouvons voir de plus en plus profond, ce qui existe. Il commence à croire que comme deux mains saccrochent au bord dun mur pour voir par dessus, lesprit sagrippe avec la matière aux bords du réel, pour voir. La question daujourdhui : la matière
est-elle médiatrice ? Nous avons besoin de voir Dieu ! Et si la science, sans le vouloir disons-le bien, nous dévoilait désormais un instrument aussi ancien que le monde, mais en partie ignoré, de distinguer Dieu, là, à portée de la main ? Tout nous préparait à cette découverte. Ne parlait-on pas depuis bien longtemps, en théologie classique, de la « médiation de la création » ? La médiation de la création : la capacité qua la création totale, y compris donc sa matière, de nous mettre en contact avec la divinité dont nous sortons sans cesse, et de nous servir de pont vers elle, ou de « télescope » pour supprimer les distances et mieux la percevoir. « Il est passé en hâte au milieu de ces bois et son seul passage les a laissés revêtus de sa beauté », disait saint Jean de la Croix. Nous ne dirons pas autre chose, encore que nos moyens et notre langage soient différents. Le corps et lesprit : les deux moments
de lêtre, qui permettent à ce qui nexiste pas
de se faire exister et de passer du non-être à
la divinité. Le corps, lesprit : non pas deux réalités
différentes, mais deux trajets dont il faudra sans doute
réaliser lunité, si nous voulons comprendre et le
cosmos et lhomme et Dieu. Cest Jean lévangéliste,
peut-être, qui en a le mieux dit le résultat : «
Nous Le verrons tel quil est parce que nous lui serons semblables.
» (1 Jn. 3, 2) et Dieu est simple. Et un.
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