Retraite 2004. organisée à Avajan, par les Amis de la Part Dieu. 05 56 48 22 10 Avec le P. Collas La Résurrection. Conclusion : le Purgatoire, une question ? une bonne nouvelle ? Vous allez vous dire que nous régressons. Le Purgatoire nest même pas « de foi ». Alors, pourquoi en parler après ce que nous venons de dire sur la mort et sur la Résurrection ? Mais parce que sa question sest posée en filigrane au cur même de ce que nous avons dit durant cette retraite. Lidée
du Purgatoire. Je ne me place pas dans cette perspective de pureté morale ou autre, que lon ne peut réparer quà coups de douleurs. Je me place dans la perspective de lamour, mais même ainsi, la question du Purgatoire reste posée. Car enfin, pouvons-nous croire que, lorsque nous nous trouverons face au Père, son sourire bienveillant puisse être aveugle sur les stigmates laissés par la dureté de la vie et les traquenards du chantier ? Fera-t-il comme sil ne les voyait pas ? Ce ne serait pas conforme à ce que Jésus nous a dit de lui. Lamour est lucide et ne peut pas vivre dans le faux-semblant. La tendresse, de part et dautre, ne pourra pas faire comme si rien navait cloché et comme si aucune culbute ne nous avait marqués. Quand il nous ouvrira ses bras, cest aussi en pénitents que nous nous y tiendrons. En pénitents destinés à entrer dans la danse, mais tout de même douloureux encore, et malheureux que nos stigmates soient, plus ou moins, les traces dun amour manqué. Le rappeler nest pas remettre en cause ce que nous avons dit dans chaque instruction de cette retraite. Mais cest croire au sérieux de lamour. Le dernier pas
vers le fond de lamour. Et il me sourit doucement. Comment ai-je pu faire ? Que lui dire, maintenant, pour apaiser sa peine ? Si je lavais vu comme je le vois maintenant, je le jure, je naurais pas fait ce que jai mal fait. Mais je ne le voyais pas. Maintenant je le vois. Je me souviens en même temps de la mort de son Fils. Regardant ses yeux, je me prends à avoir envie de crier tant je comprends ce quil a dû souffrir quand Jésus agonisait. Et tout cela, je le savais, pourtant. Oui, mais je ne le voyais pas comme je le vois maintenant, avec, face à moi, ces yeux si doux. Le Purgatoire cest cela. Ce nest pas dêtre privé de voir le Père ; le Purgatoire, cest de le voir. Le Purgatoire, ce nest pas la punition, mais la souffrance. La souffrance que jéprouve en le regardant. Insupportable. Voir ses yeux me sourire et me souvenir en même temps que je lai peiné. Je nai quà me souvenir de ce que jai pu ressentir quand jai peiné quelquun que jaimais. Voilà, cest ça. Mais cest pire parce que personne ne ma jamais aimé comme Lui. Il me sourit pourtant. Il voit ce que je pense et combien jai mal. Mais il me sourit quand même. Son sourire me semble plus doux chaque fois que ma souffrance me relance. Je le regarde, il me sourit. Jai mal de sa peine il me sourit doucement. Son sourire ne me lâche pas. Chaque fois que je lève les yeux, peiné, lui, il me sourit. Il me semble que ma souffrance prend de moins en moins de vigueur. Je me rends bien compte que cest son sourire qui mapaise. Plus il me sourit, moins je me souviens. Je commence à entendre. Moins je mécoute, plus il me semble lentendre. Il me semble quil dit que je suis son enfant bien-aimé. Je le laisse dire que je suis son enfant. Je me repais de cette voix. Elle finit pas parler plus fort que mon angoisse. Elle fait taire la voix de mes regrets. Je ne sais même plus que jai péché, tout ça est en cendres, perdu dans linfini. Je ne sais plus quune chose : il maime. Je laime. Cest fini, je peux mabandonner à son baiser, je suis son enfant bien-aimé. Le Purgatoire est terminé. Lamour lemporte. Lamour est éternel. Il naura même pas eu à me dire quil mavait pardonné. Il lui aura suffi de me dire que jétais son fils bien-aimé. Sa tendresse la emporté en certitude et je suis sauvé de désespérer. Maintenant je ne vois plus que lamour. Cest le Ciel. Un jour, ce sera notre tour. Notre tour dentendre, à nous personnellement adressée, cette parole admirante : « Tu es mon enfant bien-aimé. » O, mon Dieu, quand ?  Vous avez des commentaires à faire ou des questions ? Vous pouvez aller à la rubrique « Ecrire » du menu principal. |