Retraite 2005 organisée à Avajan, par
les Amis de la Part Dieu. 05 56 48 22 10
Avec le P. Collas Le Christ. VII. « LE CHRIST EST MORT POUR NOUS. » Une interprétation
erronée. La non obéissance de lhomme devait donc être réparée par une obéissance, dont lampleur effacerait, dans le cur de Dieu, la blessure que la révolte des hommes y avait laissée. Désormais, donc, quand les hommes décident de sapprocher de Dieu, ils se couvrent de la mort de Jésus : « Si nous, nous tavons désobéi, ton Fils, du moins, ta été fidèle. Cest pourquoi, nous nous glissons dans son amour et, protégés par le sacrifice quil a fait de sa vie, nous nous avançons vers toi. Sa fidélité couvre notre infidélité et, au vu de son sacrifice, nous savons que tu tapaises et que tu nous donnes le pardon. » Cette prière nest guère utilisée par les Chrétiens, aujourdhui. Mais elle traduit en clair ce que la théologie de la Rédemption sous entend. Nous sommes pécheurs dès lorigine et nous ne parvenons pas à ne pas pécher. Dieu sait que notre faiblesse est congénitale. Mais il voit lamour de son Fils, et cet amour est tellement fort quil occupe, si jose dire tout son champ visuel, et que, tout occupé à se réjouir de la tendresse du Christ, Dieu ferme les yeux sur nos vilenies. Nous sommes donc sauvés, dit cette théologie, par la mort du Christ. Dautant plus, tout de même, mais cette théologie le dit moins, que, prenant des forces dans la certitude de lamour fou que le Christ nous a manifesté, nous parvenons, souvent, nous-mêmes, à lutter contre ce qui en nous a provoqué sa mort. Et ainsi, grâce à sa mort, nous péchons moins. L interprétation
par lamour. Le Père aime la création. De tout temps, mais plus encore depuis quelle a réussi à lui donner lhomme. Songez donc : lhomme est la plus belle image de Dieu, le miroir de son visage. Ce qui veut dire quil nen finit pas de nous regarder, parce quil voit en nous, avant tout, que nous sommes capables de nous tenir debout devant lui, de lui parler, de nous laisser aimer par lui et même, de nous mettre à laimer. Nous sommes, dans lensemble de la création, les seuls êtres à qui Il puisse sadresser, les seuls qui soient en état de percevoir son amour et de le lui rendre. Les seuls avec lesquels il puisse lier une relation dintimité. Les seuls qui sachent lui dire « Père ». Et le Père fond de joie de sentendre appeler Père par des vivants qui, alors que jadis encore, ils nexistaient pas, sont devenus capables de le connaître et de se savoir ses enfants. Bien sûr, ils savent aussi se tromper ; ils font du mal. Mais quand ils font du mal, lui, le Père, ne sétonne pas : ils sont tellement neufs dans la vie Il faut quils se rodent. Ce qui le fait le plus souffrir, avant la venue du Christ, cest que ses enfants qui le cherchent, aient tant de mal à le trouver, à se faire de Lui une image juste. Ce qui le blesse cest que les hommes puissent le croire en colère ou sévère et impatient et quils aient tant de difficulté à se croire aimés. Alors, en accord avec son Esprit et son Fils, il décide de permettre à son Fils de se faire homme, pour que les hommes puissent bien le voir et clairement lentendre. Et pour que lui, le Fils, puisse leur dire, enfin et dune manière définitive, qui est leur Père et quil nest que cela. Quil passe son temps de Dieu à vivre tout près deux, invisible parce quil les éblouirait, mais plus intime à chacun deux, queux-mêmes. Et comme il ny a pas autour de lui de meilleur messager que le fils de sa tendresse, cest à lui qui se nommera Jésus, quest confiée la charge de venir annoncer la Bonne Nouvelle. Laquelle dailleurs, se résume en peu de mots : « Vous êtes tous mes fils bien-aimés. » Et pour préparer son « atterrissage », il choisit un peuple quavec le soutien des prophètes, il aide à se façonner pour être le berceau où Jésus viendra. La force démesurée
de lamour de Dieu. Là est la signification la plus profonde de la croix. La plus profonde, et à ce titre, celle qui a le plus de chances dêtre la plus vraie. Ce nest pas pour apaiser la colère de son Père, que Jésus est venu. Ce nest pas pour lui offrir un sacrifice plus éloquent que celui des bufs et des moutons que lon tuait tous les jours à Jérusalem, pour apaiser sa justice. Nous sommes aux antipodes de cette théologie. Ce nest pas pour apaiser la colère du Père, que le Fil soffre en sacrifice. Il simpatiente de venir nous dire que son Père est notre Père et quil a pour nous tous le même amour délicieux que celui quil lui porte. Il lui faut venir nous le dire ; son amour le presse. Il a consenti à attendre que le Peuple juif soit à peu près au point pour laccueillir. Il sait quon va lécouter et que ceux qui lauront écouté, parcourront le monde, chargés de la Nouvelle. Et que le monde finira par entrevoir que le Père, son Père et le leur, est tendresse. Seulement tendresse. Il sait tout cela et il en est en joie. Mais il sait aussi quon le fera tout de même mourir sur une croix. Cela lui fait mal. Mal, dabord parce quétant Dieu, le temps nexiste pas et que donc la croix, cest déjà douloureux et clair alors quil est encore dans la joie de son Ciel en train de prendre sa décision. Cela lui fait mal, et mal aussi au Père et à lEsprit, parce que ce qui fait peur et pleur à lun des Trois, le fait autant à chacun puisquils ne font quun. Mal parce que ce sont ses enfants, ses amis, qui prendront cette décision, alors quils nauront rien à lui reprocher. Mal parce que, dans les siècles qui suivront, beaucoup de ses enfants ne comprendront pas non plus. Mal parce que ses fidèles confondront parfois, souvent, même, lamour et la colère. Pourtant, la décision est prise de toute éternité. Elle a été prise, sans aucun doute, avant que la création de notre cosmos ne soit même commencée. La décision a été prise. Et tenue. Ca a été la naissance, pauvre, mais tellement aimée par Marie et par Joseph. Et par les Apôtres, et par les milliards de vivants qui, un jour, lapprendront. Follement aimée par tous les habitants du Ciel. Aimée par nous aujourdhui. Aimée au point que nous ne pouvons plus parler de la croix quen termes de tendresse. Tendresse pour tous ceux qui lont mis à mort, sans savoir. Pour ceux qui lont suivi, pendant des siècles et jusquà nos jours. Tendresse qui se tend comme des bras en travers de nos routes, non pas pour nous empêcher davancer, mais pour nous montrer le sens. Le sens de la route du Christ qui était bien de réparer lhonneur de son Père, mais non pas en lui offrant son sacrifice : qui pourrait aimer un Père capable dexiger la mort de son fils pour réparer un outrage ? Qui ? Lhonneur
de son Père ? Que nous soyons fils et nous sachions aimés. Il ne sagit pas, ici, de faire des mots, ni même de contribuer à édifier une théologie plus chrétienne, encore que cela doive compter. Il sagit de lhonneur du Père, du Fils et de lEsprit. Il sagit de lhonneur des chrétiens quil ne faut pas priver de la joie dannoncer une bonne nouvelle qui ne soit que bonne nouvelle ; la joie pour eux de parler dun amour qui ne parle pas de vengeance ni dhonneur mais seulement de la tendresse dun petit bébé vers lequel se penchent sa mère et son père. Et son Père et lEsprit. Et nous maintenant. Depuis que Jésus
est descendu vers une crèche et monté vers le calvaire,
nous ne pouvons plus croire sur Dieu autre chose que sa tendresse. Croire
que son intelligence elle-même est portée par sa tendresse
et que cest pour cela quelle est infinie. Avant dêtre
intelligence, Dieu est amour. Sauf quen Dieu, avant ne veut rien
dire. Pour un chrétien, aujourdhui, le seul message est
de dire que « le Père laperçut de loin, quil
courut se jeter à son cou et quil « le » couvrit
de baisers. » « Le » ? Lhomme, moi, tous les
vivants. Aussi longtemps que la terre donnera du fruit. Pour que le
Père en fasse son Fils. Comme le Christ.
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