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Le Christ.

V LE CHRIST, STRUCTURE DE L’UNIVERS


Ce titre seul suffirait, je le sais, à compromettre tout dialogue inter-religieux. Le dialogue œcuménique, qui ne fait dialoguer que des chrétiens, ne pourrait qu’en être enrichi, puisque chaque communion chrétienne le reconnaît sous les traits que je vais vous rappeler. Tandis que les religions non chrétiennes, seraient offusquées d’entendre dire sur le Christ, ce que je vais en dire. Je dois pourtant le dire, parce que là est, pour nous, et sans doute aussi pour ceux qui ne l’admettraient pas, le fond ultime du réel.

Créés à partir de rien ?
Quand j’ai abordé pour la première fois ce thème, j’ai utilisé un mot que je dois aujourd’hui ajuster. Je disais, à l’époque (nous étions en 1992 … le siècle dernier !) que, dans la perspective où la création aurait commencé, le vide qui entourait Dieu avant qu’il ne se lance à créer notre univers, était empli d’informations. Et que ces informations, bien sûr, venaient de Lui. Je disais cela pour tenter de faire comprendre que l’apparition de la vie n’avait pas exigé un travail de Dieu lui-même, sauf la fourniture de ces informations que la création aurait à déchiffrer et à traduire en vie. Ce qui revenait déjà à dire que la création s’était faite elle-même ; mais à partir d’informations qui, elles venaient de Dieu. Un peu comme si elle s’était décryptée elle-même dans ces fondations qu’étaient les « informations », et qu’elle y ait trouvé de quoi faire apparaître la vie.

S’il en fut ainsi, vous pourriez me dire qu’il eût été plus simple pour Dieu de faire lui-même directement sa création plutôt que de passer par le biais d’une pluie d’informations éventuellement décryptables. On connaît désormais la réponse à cette objection. Elle fut d’ailleurs développée ici l’an dernier. Je ne ferai donc que la rappeler brièvement.

Créés sujets comme Dieu.
Dieu a voulu nous faire à son image. Il a donc voulu que nous lui ressemblions. Or, si Dieu n’a été fait par personne, la première chose exigée par une ressemblance avec lui, est que, nous non plus nous ne soyons faits par personne. Même pas par lui. Il fallait donc qu’il trouve le moyen de nous voir exister mais sans avoir à nous faire. Non pas par paresse, mais par fidélité au modèle qui est le sien et qui est que personne ne l’a fait. Selon ce modèle, il fallait que personne, non plus, ne nous fasse, et que donc, nous soyons sujets de nous-mêmes. Sujets, c’est-à-dire nos propres auteurs. En un mot, il nous revenait de nous faire nous-mêmes.

Les virtualités.
Pour essayer d’expliquer ce système de création, la théologie et la philosophie affinent désormais la notion d’informations que nous utilisions autrefois. On ne parle plus d’informations mais de virtualités. Dieu, comme n’importe quel vivant, rayonne, rien que par le fait qu’il existe. Dès que vous existez, vous aussi vous rayonnez. Comme le soleil, dès qu’il se lève, ‘rayonne’ ses ‘rayons’. Chacun rayonne ce qu’il est. Tel rayonne de la beauté, tel autre, de l’intelligence, chacun une richesse, à sa manière et à l’infini. Or ce rayonnement n’est pas un objet. C’est simplement une possibilité que quelque chose apparaisse, à condition qu’on s’en empare et qu’on en fasse une réalité. Ainsi le rayonnement émanant de certains visages crée-t-il un sourire heureux à condition que des yeux le perçoivent. Chacun crée ainsi autour de lui, à sa manière, selon ce qu’il est. A plus forte raison, Dieu rayonne-t-il. Il rayonne ce qu’il est. Or il est tout. Donc, de Dieu rayonnent toutes les possibilités d’existence. C’est à partir de ce rayonnement que la création s’est faite elle-même en donnant une réalité aux virtualités qui rayonnent de Lui. En les faisant passer à l’acte, disent les philosophes.

Ces virtualités constituent la totalité des beautés possibles. Comme dans un ballet infini elles se sont croisées, elles se sont liées et ont fini par donner la vie dans toute sa beauté. La vie ne pouvait venir que de Dieu, puisque lui seul existait. Mais elle n’en est pas venue toute faite. Elle en est venue sous la forme d’un nombre infini de possibilités d’exister. Pourtant toutes avaient un point commun, du fait qu’elles venaient de Lui : elles avaient besoin de se rencontrer. La vie est venue et vient toujours, de cet incommensurable courant de rencontres et d’unions dans lequel elle doit choisir en permanence, tâtonner, combiner, et revoir ses choix pour les rendre plus efficaces ou pour réparer des faux-pas. C’est par ses choix que la vie se crée. C’est en faisant passer à l’acte les possibilités qui rayonnent de Dieu, que nous-mêmes nous peaufinons notre personnalité.

La liberté.
En définitive, c’est dans la multiplicité infinie des virtualités, que se trouve la liberté de la vie. C’est le milieu où s’exerce sa responsabilité. Et c’est d’ailleurs l’infinité du choix proposé et donc des possibilités d’échafaudages divers, qui explique la lenteur de l’évolution : quelques quinze ou vingt milliards d’années depuis le big-bang originel.

Le résultat est là qui est l’immensité de l’univers - immense au sens le plus fort qui signifie in-mesurable - immensité que la science n’en finit pas d’inventorier, et qui n’en finit pas elle-même de poursuivre le jeu où elle s’enivre et qui élargit encore le champ de la vie sans qu’on voie où, ni quand, ni si tout cela s’arrêtera.

Le Fils révélateur du moteur de l’évolution.
Mais le Christ, dans cela ? Quand la théologie dit que Dieu n’agit pas mais qu’il rayonne, cela ne signifie pas qu’il se soit neutralisé dans l’apathie. Dieu est comme il est. Et Jean nous a dit que « Dieu est amour ». Il ne peut aimer que parce qu’il n’est pas seul. Il a un Fils et il y a aussi l’Esprit. Il n’est Dieu, et il n’est le Dieu qu’il est, que parce qu’il est plusieurs. La vie, la nôtre, a donc sa source dans un Dieu qui est amour. Dieu est un courant de tendresse. Il n’échange pas de la tendresse : il est tendresse. Il rayonne avant tout de la tendresse. Son travail de Dieu, c’est d’irradier de la tendresse.

Un jour, cette tendresse qui en une quantité étonnante de siècles avait permis à la vie d’émerger, cette tendresse a fini par prendre corps. Un corps personnel en tout semblable aux corps d’hommes qui depuis des siècles peuplaient la terre. La tendresse a pris corps, c’était il y a deux mille ans. Ce jour-là, on a vu Dieu sous la forme d’un enfant. C’est le Christ.

Le Fils, l’un des Trois a été chargé de venir expliquer aux hommes sur quel principe fonctionne l’évolution, et quel moteur la sous-tend, et que ce moteur, c’est l’amour. Si le monde sait désormais le secret unique de l’évolution, c’est parce que le Fils a accepté de venir le lui dire. Dieu savait qu’il faudrait un jour, venir expliquer aux hommes pourquoi ils existent et d’où viennent leur vitalité et leur propre amour.

Le moteur de l’évolution est l’amour.
En définitive, si l’évolution, désormais ne court plus aucun risque de se démobiliser, c’est parce qu’elle a compris, au moins implicitement, qu’elle fonctionne à base d’amour. Le reste de son jeu, c’est à la science de le découvrir, et elle y travaille. Mais le secret absolu, Dieu seul pouvait le dire et c’est son Fils qu’il a chargé de cette révélation. Le Fils a accepté cette mission fondamentale pour que l’évolution ne se lasse pas. Il l’a acceptée au prix qu’il savait d’avance devoir payer et qui serait sa mort en croix. Le coût lui-même est encore un infini d’amour. Avec ce Dieu-là, on ne sort pas de l’amour.

Aujourd’hui, la science est capable de surprendre le fond du secret de la vie et de l’évolution qui la fait. Elle est capable, ou le sera bientôt, de remonter de moment en moment jusqu’au premier moment de l’évolution. Elle en voit le jeu et l’adresse. Elle peut en présumer un moteur. Elle peut en annoncer la suite et peut-être la fin, une fin. Mais elle est incapable de discerner le secret qui noue ensemble et de manière si efficace, les éléments qui font l’univers. Elle le devine lorsqu’elle analyse la vie de l’homme, parce qu’à ce niveau, le secret est porté à incandescence : à ce niveau, elle est capable de pressentir l’amour. Mais elle n’est pas équipée pour discerner ce qu’est cet amour et à quel point il est fiable. A la limite, en s’appuyant sur ce que l’humanité a toujours présumé, il se peut qu’elle aille jusqu’à pressentir qu’il y a, au début et tout au long de l’évolution quelque chose qu’elle nomme de l’amour. Elle peut aller jusque là, et sans doute y parvient-elle aujourd’hui plus que jamais et de façon irréversible.

Fonctionnant à l’amour, le monde de Dieu et le nôtre sont compatibles.
Mais personne n’aurait jamais pu savoir, si Dieu lui-même ne l’avait dit, que cet amour qu’on devinait, n’était rien d’autre que la tendresse d’un père. D’un père comme les pères humains, mais aussi comme les mères, qui nous berçaient quand nous étions enfants. Personne n’aurait pu deviner que ce Père était semblable à nous. Semblable au point que la structure qui le fait Dieu est exactement la même que celle qui nous fait hommes. Il fallait qu’il nous le dise pour que nous pussions nous donner à fond à la vie, comme les enfants quand ils jouent sous le regard de leurs parents. Il fallait qu’il nous le dise pour que nous sachions que l’évolution qui nous porte était capable de le porter, Lui aussi, s’il le voulait. Il fallait qu’il nous fasse comprendre que si, dans son Fils, pouvait habiter physiquement notre univers, c’est que la structure de cet univers était identique à sa structure de Dieu.

Or, la preuve de la compatibilité de notre univers et du sien, et la preuve que nous sommes bien de sa race, a été faite, voici deux mille ans. En Palestine. Dieu, dans sa structure de Dieu s’est glissé sans heurts dans la nôtre. Et rien n’a bougé. Sauf que ceux qui savent ce qui s’est passé savent aussi que l’évolution a fait « du compatible à Dieu ». Le Christ est la preuve que le monde s’est construit sur le modèle même de Dieu.

Le Christ est donc le garant de la fiabilité de l’univers.
Le Christ, non pas propriété des chrétiens, mais Fils de Dieu et frère de tous les vivants, animés ou seulement matière, ce Christ est venu nous dévoiler le secret ultime de la structure de l’univers : l’univers est bâti sur le modèle même de Dieu. La preuve : dans ma personne humaine que l’évolution a bâtie tout comme la vôtre et sur le même type, moi, le Fils, de même type que le Père, j’ai pu entrer dans votre monde et l’évolution n’en a même pas bronché. Je suis là, sous vos yeux et je suis la preuve, puisque j’y suis entré sans problème, que la structure de votre univers est de même nature que la structure de Dieu. « Relevez donc la tête et n’ayez pas peur ! »

Pour nous qui le croyons, ce Fils est le garant de la fiabilité de l’évolution. Il est la démonstration de la qualité divine de la structure de l’univers. La série infinie d’alliances qu’a scellées l’évolution, a été fiable, au point qu’elle a pu donner un corps et une personnalité humaine à son propre auteur. Et c’est le Christ qui l’a prouvé.

 


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