Retraite 2005 organisée à Avajan, par
les Amis de la Part Dieu. 05 56 48 22 10
Avec le P. Collas
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Le Christ.
V
LE CHRIST, STRUCTURE DE LUNIVERS
Ce titre seul suffirait, je le sais, à compromettre tout dialogue
inter-religieux. Le dialogue cuménique, qui ne fait dialoguer
que des chrétiens, ne pourrait quen être enrichi,
puisque chaque communion chrétienne le reconnaît sous les
traits que je vais vous rappeler. Tandis que les religions non chrétiennes,
seraient offusquées dentendre dire sur le Christ, ce que
je vais en dire. Je dois pourtant le dire, parce que là est,
pour nous, et sans doute aussi pour ceux qui ne ladmettraient
pas, le fond ultime du réel.
Créés
à partir de rien ?
Quand jai abordé pour la première fois ce thème,
jai utilisé un mot que je dois aujourdhui ajuster.
Je disais, à lépoque (nous étions en 1992
le siècle dernier !) que, dans la perspective où
la création aurait commencé, le vide qui entourait Dieu
avant quil ne se lance à créer notre univers, était
empli dinformations. Et que ces informations, bien sûr,
venaient de Lui. Je disais cela pour tenter de faire comprendre que
lapparition de la vie navait pas exigé un travail
de Dieu lui-même, sauf la fourniture de ces informations que la
création aurait à déchiffrer et à traduire
en vie. Ce qui revenait déjà à dire que la création
sétait faite elle-même ; mais à partir dinformations
qui, elles venaient de Dieu. Un peu comme si elle sétait
décryptée elle-même dans ces fondations quétaient
les « informations », et quelle y ait trouvé
de quoi faire apparaître la vie.
Sil en fut
ainsi, vous pourriez me dire quil eût été
plus simple pour Dieu de faire lui-même directement sa création
plutôt que de passer par le biais dune pluie dinformations
éventuellement décryptables. On connaît désormais
la réponse à cette objection. Elle fut dailleurs
développée ici lan dernier. Je ne ferai donc que
la rappeler brièvement.
Créés
sujets comme Dieu.
Dieu a voulu nous faire à son image. Il a donc voulu que nous
lui ressemblions. Or, si Dieu na été fait par personne,
la première chose exigée par une ressemblance avec lui,
est que, nous non plus nous ne soyons faits par personne. Même
pas par lui. Il fallait donc quil trouve le moyen de nous voir
exister mais sans avoir à nous faire. Non pas par paresse, mais
par fidélité au modèle qui est le sien et qui est
que personne ne la fait. Selon ce modèle, il fallait que
personne, non plus, ne nous fasse, et que donc, nous soyons sujets de
nous-mêmes. Sujets, cest-à-dire nos propres auteurs.
En un mot, il nous revenait de nous faire nous-mêmes.
Les virtualités.
Pour essayer dexpliquer ce système de création,
la théologie et la philosophie affinent désormais la notion
dinformations que nous utilisions autrefois. On ne parle plus
dinformations mais de virtualités. Dieu, comme nimporte
quel vivant, rayonne, rien que par le fait quil existe. Dès
que vous existez, vous aussi vous rayonnez. Comme le soleil, dès
quil se lève, rayonne ses rayons.
Chacun rayonne ce quil est. Tel rayonne de la beauté, tel
autre, de lintelligence, chacun une richesse, à sa manière
et à linfini. Or ce rayonnement nest pas un objet.
Cest simplement une possibilité que quelque chose apparaisse,
à condition quon sen empare et quon en fasse
une réalité. Ainsi le rayonnement émanant de certains
visages crée-t-il un sourire heureux à condition que des
yeux le perçoivent. Chacun crée ainsi autour de lui, à
sa manière, selon ce quil est. A plus forte raison, Dieu
rayonne-t-il. Il rayonne ce quil est. Or il est tout. Donc, de
Dieu rayonnent toutes les possibilités dexistence. Cest
à partir de ce rayonnement que la création sest
faite elle-même en donnant une réalité aux virtualités
qui rayonnent de Lui. En les faisant passer à lacte, disent
les philosophes.
Ces virtualités
constituent la totalité des beautés possibles. Comme dans
un ballet infini elles se sont croisées, elles se sont liées
et ont fini par donner la vie dans toute sa beauté. La vie ne
pouvait venir que de Dieu, puisque lui seul existait. Mais elle nen
est pas venue toute faite. Elle en est venue sous la forme dun
nombre infini de possibilités dexister. Pourtant toutes
avaient un point commun, du fait quelles venaient de Lui : elles
avaient besoin de se rencontrer. La vie est venue et vient toujours,
de cet incommensurable courant de rencontres et dunions dans lequel
elle doit choisir en permanence, tâtonner, combiner, et revoir
ses choix pour les rendre plus efficaces ou pour réparer des
faux-pas. Cest par ses choix que la vie se crée. Cest
en faisant passer à lacte les possibilités qui rayonnent
de Dieu, que nous-mêmes nous peaufinons notre personnalité.
La liberté.
En définitive, cest dans la multiplicité infinie
des virtualités, que se trouve la liberté de la vie. Cest
le milieu où sexerce sa responsabilité. Et cest
dailleurs linfinité du choix proposé et donc
des possibilités déchafaudages divers, qui explique
la lenteur de lévolution : quelques quinze ou vingt milliards
dannées depuis le big-bang originel.
Le résultat
est là qui est limmensité de lunivers - immense
au sens le plus fort qui signifie in-mesurable - immensité que
la science nen finit pas dinventorier, et qui nen
finit pas elle-même de poursuivre le jeu où elle senivre
et qui élargit encore le champ de la vie sans quon voie
où, ni quand, ni si tout cela sarrêtera.
Le Fils révélateur du moteur de lévolution.
Mais le Christ, dans cela ? Quand la théologie dit que Dieu nagit
pas mais quil rayonne, cela ne signifie pas quil se soit
neutralisé dans lapathie. Dieu est comme il est. Et Jean
nous a dit que « Dieu est amour ». Il ne peut aimer que
parce quil nest pas seul. Il a un Fils et il y a aussi lEsprit.
Il nest Dieu, et il nest le Dieu quil est, que parce
quil est plusieurs. La vie, la nôtre, a donc sa source dans
un Dieu qui est amour. Dieu est un courant de tendresse. Il néchange
pas de la tendresse : il est tendresse. Il rayonne avant tout de la
tendresse. Son travail de Dieu, cest dirradier de la tendresse.
Un jour, cette
tendresse qui en une quantité étonnante de siècles
avait permis à la vie démerger, cette tendresse
a fini par prendre corps. Un corps personnel en tout semblable aux corps
dhommes qui depuis des siècles peuplaient la terre. La
tendresse a pris corps, cétait il y a deux mille ans. Ce
jour-là, on a vu Dieu sous la forme dun enfant. Cest
le Christ.
Le Fils, lun des Trois a été chargé de venir
expliquer aux hommes sur quel principe fonctionne lévolution,
et quel moteur la sous-tend, et que ce moteur, cest lamour.
Si le monde sait désormais le secret unique de lévolution,
cest parce que le Fils a accepté de venir le lui dire.
Dieu savait quil faudrait un jour, venir expliquer aux hommes
pourquoi ils existent et doù viennent leur vitalité
et leur propre amour.
Le moteur de
lévolution est lamour.
En définitive, si lévolution, désormais ne
court plus aucun risque de se démobiliser, cest parce quelle
a compris, au moins implicitement, quelle fonctionne à
base damour. Le reste de son jeu, cest à la science
de le découvrir, et elle y travaille. Mais le secret absolu,
Dieu seul pouvait le dire et cest son Fils quil a chargé
de cette révélation. Le Fils a accepté cette mission
fondamentale pour que lévolution ne se lasse pas. Il la
acceptée au prix quil savait davance devoir payer
et qui serait sa mort en croix. Le coût lui-même est encore
un infini damour. Avec ce Dieu-là, on ne sort pas de lamour.
Aujourdhui, la science est capable de surprendre le fond du secret
de la vie et de lévolution qui la fait. Elle est capable,
ou le sera bientôt, de remonter de moment en moment jusquau
premier moment de lévolution. Elle en voit le jeu et ladresse.
Elle peut en présumer un moteur. Elle peut en annoncer la suite
et peut-être la fin, une fin. Mais elle est incapable de discerner
le secret qui noue ensemble et de manière si efficace, les éléments
qui font lunivers. Elle le devine lorsquelle analyse la
vie de lhomme, parce quà ce niveau, le secret est
porté à incandescence : à ce niveau, elle est capable
de pressentir lamour. Mais elle nest pas équipée
pour discerner ce quest cet amour et à quel point il est
fiable. A la limite, en sappuyant sur ce que lhumanité
a toujours présumé, il se peut quelle aille jusquà
pressentir quil y a, au début et tout au long de lévolution
quelque chose quelle nomme de lamour. Elle peut aller jusque
là, et sans doute y parvient-elle aujourdhui plus que jamais
et de façon irréversible.
Fonctionnant à lamour, le monde de Dieu et le nôtre
sont compatibles.
Mais personne naurait jamais pu savoir, si Dieu lui-même
ne lavait dit, que cet amour quon devinait, nétait
rien dautre que la tendresse dun père. Dun
père comme les pères humains, mais aussi comme les mères,
qui nous berçaient quand nous étions enfants. Personne
naurait pu deviner que ce Père était semblable à
nous. Semblable au point que la structure qui le fait Dieu est exactement
la même que celle qui nous fait hommes. Il fallait quil
nous le dise pour que nous pussions nous donner à fond à
la vie, comme les enfants quand ils jouent sous le regard de leurs parents.
Il fallait quil nous le dise pour que nous sachions que lévolution
qui nous porte était capable de le porter, Lui aussi, sil
le voulait. Il fallait quil nous fasse comprendre que si, dans
son Fils, pouvait habiter physiquement notre univers, cest que
la structure de cet univers était identique à sa structure
de Dieu.
Or, la preuve de
la compatibilité de notre univers et du sien, et la preuve que
nous sommes bien de sa race, a été faite, voici deux mille
ans. En Palestine. Dieu, dans sa structure de Dieu sest glissé
sans heurts dans la nôtre. Et rien na bougé. Sauf
que ceux qui savent ce qui sest passé savent aussi que
lévolution a fait « du compatible à Dieu ».
Le Christ est la preuve que le monde sest construit sur le modèle
même de Dieu.
Le Christ est donc le garant de la fiabilité de lunivers.
Le Christ, non pas propriété des chrétiens, mais
Fils de Dieu et frère de tous les vivants, animés ou seulement
matière, ce Christ est venu nous dévoiler le secret ultime
de la structure de lunivers : lunivers est bâti sur
le modèle même de Dieu. La preuve : dans ma personne humaine
que lévolution a bâtie tout comme la vôtre
et sur le même type, moi, le Fils, de même type que le Père,
jai pu entrer dans votre monde et lévolution nen
a même pas bronché. Je suis là, sous vos yeux et
je suis la preuve, puisque jy suis entré sans problème,
que la structure de votre univers est de même nature que la structure
de Dieu. « Relevez donc la tête et nayez pas peur
! »
Pour nous qui le croyons, ce Fils est le garant de la fiabilité
de lévolution. Il est la démonstration de la qualité
divine de la structure de lunivers. La série infinie dalliances
qua scellées lévolution, a été
fiable, au point quelle a pu donner un corps et une personnalité
humaine à son propre auteur. Et cest le Christ qui la
prouvé.
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