Retraite 2005 organisée à Avajan, par les Amis de la Part Dieu. 05 56 48 22 10

Avec le P. Collas
3, rue de la Source
75016 PARIS
06 03 04 22 88    
                                         

Le Christ.

 

1 LE SEUL OBJET DE NOTRE RECHERCHE

Une Institution ou Quelqu’un ?
Le chauffeur qui, à bord de sa voiture, parvient au carrefour, ne doit pas se tromper sur ce qu’il cherche. Quand vous êtes, comme lui, arrêté devant un panneau indicateur, ce n’est pas le panneau, que vous regardez mais la direction qu’il indique. Cette retraite voudrait, non pas bien sûr, démolir les panneaux de nos routes chrétiennes, mais nous aider à considérer qu’ils sont moins importants que la direction qu’ils montrent. Et qu’ils ne valent que dans la mesure où ils font pressentir le chemin vers quelqu’un d’autre qu’eux, qui est le Christ.

En fait, sommes-nous au service d’une Institution ou à la recherche de Quelqu’un ? L’excès d’importance accordé parfois à soigner ou à servir l’Eglise - l’Institution dont le centre, pour nous est à Rome - peut occulter en partie le Dieu qu’elle vise. Les chrétiens ne sont pas à l’abri de ce dérapage. Pour nous, l’idéal n’est pas que notre Eglise soit florissante, mais que nos contemporains en découvrent le centre essentiel, qui est le Christ. Et que, l’ayant découvert, ils fassent équipe avec les frères de leurs communautés pour remonter jusqu’au Père de Jésus, qui est aussi leur propre Père. Une autre visée résulterait d’un strabisme et entraînerait une erreur d’orientation. Elle se solderait aussi par une perte d’énergie et par une dégringolade dans la confusion. Encore que, nous le dirons bientôt, cette plongée dans le vide est impossible, parce que, dès notre racine, nous en sommes protégés.

Les religions et la quête du monde.
Les religions n’ont donc pas à se prendre pour ce qu’elles ne sont pas. Aujourd’hui, leur tâche première n’est pas de reconquérir une situation qu’elles n’ont plus, mais de trouver la place qui leur convient dans la recherche, parfois angoissée, que le monde fait de son sens. Il leur faut désormais admettre un étrange point de vue : aucune à elle seule n’est capable de bien nous parler de Dieu. Nous avons acquis la certitude qu’une vue sur Dieu qui serait univoque, ne peut que le manquer. Toutes les vues humaines doivent désormais se reconnaître l’une l’autre légitimes dans la recherche qu’elles font de Dieu. Le catholicisme lui-même, doit admettre qu’il est un parleur boiteux de Dieu s’il en parle seul, et que par lui-même, il ne peut pas en révéler toutes les nuances. Nous sommes de plus en plus convaincus que toutes les religions ont la capacité de toucher Dieu, mais que, chacune à sa manière, et en particulier, elles découvrent toutes un angle particulier de la personnalité du Père.

Chaque religion tient son originalité d’abord, peut-être, de la culture dans laquelle elle a vu le jour, ou du moment où elle est apparue dans l’histoire. Mais elle la reçoit aussi des échanges ou des frictions que la vie lui impose dans les croisements avec d’autres cultes ou d’autres cultures. Elle la reçoit encore, bien sûr, de la fidélité ou de la curiosité, comme de la générosité et de la sainteté de ses membres. De ce fait, nous pensons que tous les aspects du visage de Dieu découverts par les religions du monde, et fraternellement mis bout à bout, finiront par nous donner une vision plus large des yeux de Dieu.

Tous les aspects du visage de Dieu.
Ainsi, de nos jours, l’Eglise catholique comprend-elle qu’elle ne peut plus se passer des autres Communautés chrétiennes, non seulement pour parler efficacement de Dieu, mais aussi pour continuer à vivre. Et même, toutes les parts de l’Eglise du Christ se savent amputées dans leur corps et rendues bégayantes dans leur mission, aussi longtemps que toutes les religions de la terre et que toutes les sociétés cherchantes de notre monde, ne pourront pas dire à haute voix et avec elles, comment elles aussi voient la Source de la vie. Il faudra que ces religions soient admises à dire cette Source, même si elles ne doivent pas la nommer comme la nomment les Chrétiens.

Quelle que soit la latitude sous laquelle ils ont découvert la foi, quelle que soit la foi qu’ils ont en Dieu, et quelle que puisse être l’image qu’ils s’en font, il faudra bien que tous ceux qui pensent avoir entendu parler de Lui et qui véhiculent à travers leur culture quelque trait de son visage, finissent par s’assembler et par mettre bout à bout les parts de Dieu qu’ils connaissent. Et alors on verra que, juste avant le visage du Père, et tout tourné vers lui et vers nous, sourit le visage du Christ : sous une forme ou sous une autre, nous le trouverons car aucun autre ‘objet’ que lui n’est plus essentiel à la recherche contemporaine.

L’originalité de la révélation portée par le Christianisme.
Nous n’en sommes donc plus à voir dans l’Eglise catholique romaine la seule image de Dieu. Bien sûr, cette Eglise, dans la mesure où elle est unie aux autres Eglises qui, elles aussi, se réclament du Christ, est toujours un des signaux les plus clairs, faits par le Père à tous les vivants. Mais encore faut-il, car c’est son originalité, qu’elle approfondisse la vision originale qu’elle a de la position du Christ ; je veux dire la position qu’elle lui accorde dans sa théologie et dans sa prière de tous les jours. Ainsi, une partie de son culte qui serait centrée d’abord sur un autre personnage que le Christ, constituerait vite une déviation. Une position théologique dont le Christ ne serait pas le noyau, nous fourvoierait. Je ne veux pas dire que seul le Christ doive être aimé ou enseigné, mais qu’il doit l’être, dans la prière comme dans la recherche, avant tout et à un niveau qui ne revient qu’à lui. L’originalité du christianisme ne réside pas dans sa vision pourtant essentielle de la justice sociale, ni dans sa capacité à aimer les hommes, ni dans l’impressionnante puissance de son siège romain. La pointe du Christianisme, c’est le Christ. Le Christ, agrippé d’une main à son Père et de l’autre, à l’humanité ; et sans doute, aussi, au reste inconnu du Cosmos. Toute autre vision neutralise son impact, et plus grave, le rapetisse, et donc, dévie la quête humaine, parfois peut-être, loin de l’amour.

Parce que le Christianisme est, par définition, bien placé pour pouvoir parler du Christ, l’objet de cette retraite sera de relativiser dans notre religion tout ce qui n’est pas lui. Il n’est pas question, bien sûr, de dessécher le contenu de son message. Mais notre souci sera de prouver à quel point le Christ y est central, et comment il se présente lui-même centré vers son Père. Car une seule réalité est absolue et première et c’est Dieu le Père. Tout le reste, même le Christ, est ordonné vers Lui. Si j’ai placé cette méditation au début d’une recherche sur le Christ, et en parlant aussi des autres religions, c’est parce que je crois que la question du Christ est trop importante pour que sa recherche soit limitée aux possibilités des seuls chrétiens. Dans une question qui semble ne toucher qu’eux, ils ont besoin de tous les chercheurs de Dieu pour pousser plus loin leur connaissance du Fils. Si vraiment, le Père, créateur, l’a placé au centre de son dispositif de « salut », tous les vivants sont concernés par lui. Ils sont donc tous concernés aussi par la quête que font les chrétiens autour de lui.

Il est tout à fait possible que dans sa prière du soir de la Cène, quand il demandait au Père « Que tous soient un », le Christ ait vu plus loin que les seules futures Communautés chrétiennes, qui à l’avenir s’assembleraient en son nom, et qu’il ait pensé à tous les tenants de toutes les Religions et de toutes les Sciences du monde : ‘Que tous ceux qui sont en quête de toi, Père, s’unissent pour dire comment ils te cherchent et comment ils te voient, pour que le monde croie. »

 

 


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