.Session organisée au Centre Beaulieu, par les Amis de la Part Dieu. 05 56 48 22 10 Avec le P. Collas Thème de l'année: DIEU: SERVITEUR DE L'HOMME 3 décembre 2000 Première session INTRODUCTION : Nous essayons de creuser le thème : Dieu serviteur de lhomme. En général on pense linverse : lhomme est au service du plan de Dieu. Cette réflexion étonne car on na pas lhabitude de considérer Dieu comme serviteur. Mais cela modifie la relation de lhomme à Dieu telle quelle a été établie par lAncien Testament et largement suivie par lEglise. LAncien Testament na pas découvert Dieu dun seul coup, lEvangile, grâce à Jésus Christ, a affiné la vue sur lui et les apôtres nous ont transmis ce quils avaient découvert. LEglise aujourdhui, héritière de lAT et du NT, continue cette recherche. Cest pour essayer de voir où nous en sommes aujourdhui que nous nous retrouvons. La théologie découvre aujourdhui que lanalyse que nous avons faite du rapport entre lhomme et Dieu est partiellement faussée. Notre position et notre langage sur Dieu sont mal reçus et ne collent pas exactement avec ce que chaque vivant porte en son cur. Aujourdhui nous allons nous poser la question de la justesse de la position sur lhomme serviteur. CARREFOURS DU MATIN : (textes étudiés : 1]- lexemple du Christ dans le lavement des pieds vu par ORIGENE dans « Isaie expliqué par les pères » DDB 1983. 2]- « Le serviteur » par Jean PUYO dans « Aujourdhui la Bible » 15 Mars 1970 page 29) Carrefour 1 : Origène parle du lavement comme signe daccueil, il parle dune eau spirituelle, dune poussière dont il faut se débarrasser. Quelle est cette poussière ? Sagit-il dune protection contre Dieu, que lon ne peut voir directement ? Ce voile serait ensuite levé à la résurrection? Ce serait peut-être la méconnaissance de Dieu ? Carrefour 2 : Le geste concret est clair mais quel est le symbole ? Y a-t-il lidée du baptême ? Dieu se donne en exemple, Dieu, Père, soccupe de ses enfants (comme tous les pères) pour les aider à sélever. Cest en Dieu que lon puise toute notre énergie. Cest aussi une leçon dhumilité. Carrefour 3 : Le repas est commencé quand le Christ se lève, ce nest pas la purification avant le repas. Pourquoi comprendre plus tard ? Tu comprendras quelle est la qualité de notre relation ? Que veut dire être purifié pour aller vers Dieu ? Péché originel ? Le deuxième texte voit la force de Dieu en tout homme. Lathée pourrait sen offusquer puisquil dirait quil nest plus libre. Or le véritable serviteur, le plus efficace, cest celui quon ne voit pas, il est efficace et discret. Dieu nous donne son énergie, lathée pense que cest sa propre énergie. Lhomme à lexemple de Dieu est serviteur. Carrefour 4 : Le maître fait confiance, le serviteur a donc une latitude et donc un certain pouvoir. Nous sommes « à limage » nous avons un certain pouvoir. Sil se met à genoux cest pour se rapprocher de nous, ce nest pas un Dieu inaccessible, cela montre lintérêt de Dieu pour lhomme et cela change limage que les juifs avaient du Dieu tout puissant. Cest le signe de la véritable position de Dieu : au niveau de lhomme. DISCUSSION : Quest-ce qui émerge ? Dieu a besoin de lhomme et lhomme a besoin de Dieu ! Nous sommes en train de chercher quelle relation nous avons avec Dieu. Si nous arrivons à déterminer la position de Dieu par rapport à lhomme nous devons en déduire la position de lhomme par rapport à Dieu. La position de Dieu à genoux devant lhomme pose une question. Est-ce pour reconnaître la grandeur de lhomme ? Pour ladorer ? Dieu est le serviteur de lhomme et de sa divinisation.. Si Dieu sagenouille devant lhomme ne serait-ce pas parce quil voit la déification à venir ? De même que mon attitude à légard dun frère révèle quelque chose sur lui. A priori on ne sagenouille que devant Dieu. Donc si Dieu sagenouille devant lhomme, nest-ce pas pour signifier symboliquement quil est dieu, et que lui, Dieu, est devant un « fils de Dieu » en construction (un enfant se construit mais il est quand même homme, sa nature humaine reste la même tout au long de sa vie). Cela pourrait indiquer que nous sommes de nature divine, fils de Dieu, donc, mais de manière très réelle. Entre lhomme et Dieu la différence ne se situe sans doute pas au niveau de la nature mais de lintensité à laquelle on vit cette nature. Comment concilier le terme : « image de Dieu » (lhomme est à limage de Dieu) avec « nature » ? Mon image (ma photo) na pas la même nature que moi. Question à creuser. Dans lAncien Testament, cette communauté de nature avec Dieu a sans doute été pressentie, mais elle ne pouvait pas être exprimée telle quelle. LAncien Testament la dite à sa manière : il a utilisé lexpression « image » qui lui paraissait juste. Mais après la venue du Christ et la méditation de certains pères de lEglise, il semble quil faille aujourdhui dépasser limage et aller jusquau bout (provisoire) de ce quelle signifiait : nature. Image de Dieu = de même nature que lui. Comme Dieu est essentiellement relation, don réciproque et réception réciproque, nous le sommes nous aussi. Peut-être est-ce comme cela quil convient de traduire « à limage de », de même nature. CARREFOURS DE LAPRES-MIDI (texte étudié : « Le lavement des pieds » dans « Lecture de lEvangile de Jean » Tome III par Xavier Léon-Dufour. SEUIL Paris 1970, pages 26 à 35) Carrefour 1 : Se mettre au service des autres est un signe dappartenance au Christ. Le fait de se mettre au service des autres « réactualise » le « Christ serviteur ». Cest un signe. Le sacrement est un signe : ne pourrait-on pas voir dans ce service des autres un sacrement, un signe de Dieu ? Et dire même que ce sacrement est donné même par les non-croyants ? Carrefour 2 : Par ce geste le Christ place lhomme à son niveau. La purification est par lécoute de la parole. Ce geste est nécessaire pour la communion avec le Christ, il est le symbole du don total du Christ et de laccueil dans lau-delà. Le Christ en rendant ce service nous rend capables daider les autres à entrer en communion avec Dieu. Carrefour 3 : Le geste nest pas un abaissement. Lhomme avait besoin de la reconnaissance de Dieu pour être lui-même, de même que lenfant a besoin de ses parents pour prendre conscience de ce quil est, quelquun dantérieur laide. Pourquoi ce geste est-il nécessaire ? Jésus Christ pose ce geste vis à vis de lhomme, il le reconnaît, nous nous construisons. Ce geste est sans doute en relation avec la Passion : donner sa vie par amour cest se réaliser. Que veut dire donner sa vie pour nous ? Carrefour 4 : Homme dessence divine ? Qui sommes-nous ? Nature divine inachevée ? Bébé-dieu ? Si nous prenons ce raisonnement à lenvers il faudrait que Dieu naisse. Le lavement des pieds voudrait dire : ne pensez pas toujours à vous, cherchez-moi dans les autres et vous me trouverez. DISCUSSION : Les carrefours sont très à laise dans lexpression de leurs idées et plus ou moins,, chacun sy retrouve. Sil y a des idées communes cest quil y a bien une certaine communauté de vue qui vient dun fond commun. Quest-ce qui émerge ? En se donnant, on fait comme le Christ. Dieu est don, relation intérieure. Sa nature est donc de se donner. Et de recevoir. Puisque le don fait partie de sa nature et que nous avons même nature que lui, le don fait aussi partie de notre nature. Mais alors, ne pourrait-on pas dire que le péché serait, essentiellement de ne pas se donner ? Le péché serait ce qui va contre notre nature. Le péché serait le refus dêtre, plus que le refus de donner. Puisque, comme Dieu, nous nexistons que dans la mesure où nous nous donnons, refuser de donner, ou de se donner, revient à refuser dêtre : la conséquence négative est double : je refuse de me construire, et je refuse daider mon frère à se construire. Prendre le péché sous cet angle-là est assez séduisant, car, daprès la définition classique, le péché est une désobéissance à Dieu. Dans la perspective où nous nous plaçons, la désobéissance, cest à lencontre de ma propre nature que je la pose. Mais alors, le « pouvoir » est déplacé : si cest une désobéissance à ma nature, ce nest pas Dieu qui ordonne, cest ma propre nature. Cest à nous que nous désobéissons, car nous nous interdisons ce qui nous permet dexister. Et donc, ce nest pas Dieu que nous blessons dabord, mais nous. Et aussi, bien sûr, mais ensuite, Dieu car il nous aime. Si nous sommes de même nature que Dieu nous ne pouvons pas faire autrement que lui : cest pourquoi, le service quil rend à ses apôtres, révèle à lhomme ce quest lhomme, et pour quoi il est fait. Et par le fait même, si lhomme vit le service, il révèle la nature de Dieu et sa présence. Revenons au geste du lavement des pieds. Le Christ a peut-être voulu que ce service soit fait par tous. Jean na pas décrit lEucharistie, mais seulement le lavement des pieds. Peut-être ce nest pas simplement parce que les autres évangélistes avaient déjà raconté lEucharistie que Jean ne la raconte pas ? Pourquoi ne pas penser quil a voulu montrer que ce geste du Christ était aussi fondamental que lEucharistie. Et que le service serait tout autant une manifestation de Dieu que lEucharistie. (Leucharistie ayant par ailleurs une raison dêtre supplémentaire : la manifestation de la « force » du Christ consacrant le monde). « Servez-vous les uns les autres » serait alors la démonstration de limage de Dieu : un sacrement, comme nous disions plus haut. Ce serait alors le seul sacrement (geste visible qui traduit un acte invisible de Dieu) qui pourrait être pratiqué par tous, y compris les athées. Comme il y a moins de croyants que de non croyants, ces derniers, en servant les autres, parleraient de Dieu plus « abondamment » que nous.
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