. Session organisée au Centre Beaulieu, par les Amis de la Part Dieu. 05 56 48 22 10 Avec le P. Collas Thème de l'année: L'EGLISE. 7 avril 2002 LA TRINITE: MODELE D'UNITE POUR L'EGLISE
INTRODUCTION. Dieu se révèle, dabord, par le Premier Testament. Or, dans limage de Dieu que cette révélation nous apporte se glissent des éléments relevant des descriptions des dieux païens du Moyen Orient. Le Nouveau Testament est aussi Parole de Dieu. Cette Parole est plus fidèle car cest le Fils, Jésus, qui parle. Cependant, lesprit Premier Testament a formé lintelligence des Apôtres et a donc indirectement marqué la rédaction des évangiles. Il reste que si Dieu se révèle par la Parole, il a aussi une autre manière de se révéler à laquelle on ne pense peut être pas assez. Nous allons essayer de la découvrir, car Dieu, aujourdhui, est aussi rendu « visible » par cette modalité. CARREFOURS DU MATIN. ( Texte étudié : article de Léonardo BOFF, publié dans A Folha do Sao Paulo. Daprès Le Devoir du I8 août 1992 ) Carrefour 1 La réflexion sest surtout centrée sur la Trinité. Définition de lunité : caractère de ce qui est unique, dans un assemblage de diversités, avec des caractères communs à plusieurs personnes, évidemment différentes. La Trinité correspond à la notion de multiplicité dans lUnique. Il y a une idée de lien qui suppose une altérité au départ. Chacun ne se suffit pas à lui-même, mais, bien que nétant pas en manque, il a tout de même besoin de souvrir à une autre réalité. Ces notion dunité, douverture, de lien, nous libèrent de nos limites. Mais quelle est lutilité du lien, quel est son caractère : est il antérieur à la relation ou découle-t-il de celle ci ? Carrefour 2 Dans la Trinité, modèle pour lEglise, il existe une certaine « organisation », chacun étant Dieu mais ayant un rôle précis : le Père est Source ; le Fils, incarné et ressuscité, est Parole et révélateur du Père ; lEsprit est Amour et Relation. Chacun est aussi Créateur, dans lunité de Dieu. Le mot Eglise a deux significations : lEglise hiérarchique et lEglise Peuple de Dieu. LEglise ne se voit pas comme une démocratie. La structure du Peuple de Dieu a besoin de responsables pour assurer son unité et être garants du message de la Bonne Nouvelle. Mais la responsabilité, à quelque niveau quelle soit, doit être un service et non un pouvoir. Dieu est rendu visible par la relation fraternelle, par la relation dAmour entre les personnes, car le Christ est présent en chacun et là est la source de l« Unité » de lhumanité. La « co-responsabilité » est un mot très employé, mais il peut être parfois vide de sens... Carrefour 3 Le mot hiérarchie implique une organisation, souvent pesante et lourde pour le Peuple de Dieu. Il faut une organisation, certes, mais pas une concentration du pouvoir. Il y a une différence entre service et pouvoir, ce dernier entraînant une sorte dasservissement. Une certaine hiérarchie est nécessaire : le pape, serviteur des serviteurs ; les évêques rassemblés autour du pape, au service de lunité de lEglise ; les prêtres rassemblés autour de leur évêque ; les fidèles autour de leur pasteur, au service de lunité du diocèse ; tous doivent être au service les uns des autres. La Trinité cest lunité de trois individualités. Dans lEglise, il faudrait que cette hiérarchie reflète la relation dAmour qui est dans la Trinité, et rassemble dans lunité lindividualité de chacun. Chaque acte damour est révélateur de Dieu. DISCUSSION. Au cours de lhistoire, lEglise a créé et pris en charge des services nécessaires à la vie de la société, comme les hôpitaux, les écoles etc... Peu à peu certains dentre eux ont été assurés par des organismes extérieurs à lEglise, puis par lEtat. LEtat laïque, dailleurs, paraît avoir compris que la société a besoin des religions parce que chacune lui apporte ses richesses. Malgré des erreurs, des déviances historiques, lEglise a quand même été éducatrice de notre société. La seule dépendance véritable, absolue, vitale, cest lAmour de Dieu. Nous, êtres humains créés, nous dépendons de cet Amour. Ainsi, je ne suis bâti que sur ce désir, sur ce besoin inconscient de lamour, sur ce besoin dêtre aimé et daimer ; cest mon premier désir. Mais cette dépendance me donne lénergie et, à partir de là, je suis pleinement autonome. On peut dire aussi que lenfant est dépendant de lamour de ses parents et que cest à partir de là quil acquiert son autonomie. Dans notre communauté, nous sommes dépendants les uns des autres par cette relation damour existant entre nous, et entre notre communauté et Dieu. Il fait signaler lambiguïté, lambivalence, du mot dépendance ; on parle de dépendance à légard de Dieu, mais aussi de dépendance vis à vis de sa voiture, ou de la drogue. Un lien, cela relie, mais cela peut aussi enchaîner. Cependant, si lon coupe le lien vital avec Dieu, on coupe la vie : on ne peut pas échapper à cette dépendance. PRESENTATION DE LAPRES MIDI. Lecture est donnée du message de prière et de paix du Pape au sujet du conflit du Moyen Orient. On note une prise de conscience par la hiérarchie de lEglise, spécialement par lépiscopat français, des problèmes qui affectent nos contemporains, et dont la presse se fait lécho. Le laïcat - le Peuple de Dieu - a une influence réelle sur la pensée, sur la vie de lEglise. Entre autres, lEglise prend conscience que la place reconnue à la femme est largement insuffisance et elle tente dy remédier. Cest ainsi que le porte-parole de lépiscopat français est maintenant une femme, mère de famille. Dieu a besoin des hommes... et des femmes. On en est resté, ce matin, à cette notion de dépendance, mot ambigu qui conduit des gens à sinsurger contre lidée dune dépendance à légard de Dieu. Mais en fait, cest surtout contre limage que lon peut avoir de Dieu que lon sinsurge et non contre ce quest Dieu en réalité. En fait, Dieu est la Source de notre vie. Mais il y a une relation dinterdépendance. Dieu est donc aussi dépendant de nous car nous sommes pour lui un supplément dêtre. Les parents et les enfants, également, sont dépendants les uns des autres : nous ne sommes parents que parce que nous avons des enfants. Dieu est Père parce que, en plus du Christ, le Fils, nous sommes nous aussi ses enfants. CARREFOURS DE LAPRES MIDI. ( Texte étudié : intervention de Mgr STEPHANOS, Métropolite de Tallinn et de lEstonie au Congrès de Jeunesse Finlandaise, 7-9 mai 1999 ) Carrefour 1 La réflexion a porté sur la position de lEglise par rapport à la Trinité : soit lEglise essaie de reproduire, au niveau de lhumanité, le modèle de la Trinité, soit elle est incorporée dans la vie trinitaire par le Fils et elle se trouve alors au niveau de la Trinité elle-même. Dans toute relation il faut un consentement des deux parties. Dans le lien qui existe entre lEglise et la Trinité on peut parler dun libre consentement de toute lhumanité, même sil est inconscient chez bien des personnes. LEglise, cest le Cosmos en train de sunir à Dieu. LEsprit est libérateur des contraintes et des limites du créé, pour que celui-ci puisse sunir à Dieu. Lunité apparaît à trois niveaux différents : à lintérieur de la Trinité elle est réalisée ; à lintérieur de lhumanité elle est en cours de réalisation ; entre lhumanité et Dieu elle est aussi en train de se construire. Carrefour 2 Plusieurs phrases clés ont été relevées - « LEglise est une réalité qui tire son origine de la Sainte Trinité » car tout être humain est appelé à la vie par Dieu. « Le but de la création, voulue par le Père, cest lEglise qui a pour centre le Fils. Cest pour cette raison que lEglise est décrite comme Corps du Christ, jamais comme corps du Père ou du Saint Esprit ». - « Pour que se fasse cette incorporation de la création dans le Fils et que lEglise se réalise, il était nécessaire dassurer le libre consentement de lhomme ». Lhomme, seul être libre de la création, est, de ce fait, celui qui peut orienter toute cette création vers Dieu. Mais, dans notre société actuelle, que lon trouve trop matérialiste et trop individualiste, on peut constater quau lieu de se référer à Dieu, lhomme se réfère souvent seulement à lui, car il pense quil se suffit à lui-même. Même si la notion de sacré peut exister dans son inconscient, au niveau de la conscience lhomme a des soifs inassouvies, et il risque de se satisfaire dexpédients pour les satisfaire, de la demande deau de la Samaritaine aux raves-parties. - « Laboutissement de lEucharistie ce nest pas le Golgotha mais lentrée de lunivers dans le Royaume de Dieu ». Nous sommes tout à fait daccord sur cela : lunion du créé avec lincréé - la Divinité - est la finalité de la création dans le désir du Père. Et non pas la mort du Christ. - « Il revient à Dieu seul de révéler la signification de chaque chose » ; mais il revient à chaque personne de révéler toute la tendresse de Dieu par des actes damour, qui sont un langage universel. Carrefour 3 LEglise est lassemblée de tout ce qui est vivant. Il est nécessaire, pour que lEglise se réalise, quil y ait un libre consentement des êtres humains, sinon ils ne seraient que des marionnettes. LEglise est universelle car « la voix de Dieu ne se manifeste ni en hébreu, ni daucune manière connue des nations ». La résurrection du Christ, cest la transfiguration du cosmos. La résurrection, ne consiste pas à passer de la mort à la vie, mais elle est le passage de la vie, provisoire, à la Vie, définitive. LEglise sest construite sur le modèle de la Trinité qui est Une. Elle sest construite universelle, avec des pluralités, pour aller vers lunité. Deux phrases du texte ont été très appréciées : « Le Fils, celui qui offre sa personne pour que la création entière sy incorpore et entre en relation avec Dieu le Père ». Et aussi : «Le Saint-Esprit, celui qui libère la création des frontières et des limitations du créé », la frontière nétant pas ce qui sépare de lautre mais ce qui le rend différent. DISCUSSION ET CONCLUSION. Dieu ma donné lexistence, la vie. Moi, je me construis et comme la résurrection est une continuité et non une rupture, et comme jai travaillé à ma vie terrestre, je suis impliqué dans ma résurrection puisquelle est lépanouissement de ma vie : ma vie cest le terrain où une plante est semée ; la résurrection cest lépanouissement de cette plante dans léternité. La mort nest quun arrêt biologique de la part matérielle de lêtre au terme duquel la vie se transforme en Vie : la résurrection est laboutissement normal de notre vie. Le but de Dieu cest lunification de la création, de lhumanité. LEglise est linvitation reçue de Dieu à se rassembler, à sunir. Ce qui fait que réaliser dans le concret lunification de lEglise, donc de lhumanité, est pour nous une exigence fondamentale. Pour pouvoir aller ensemble vers lunité, donc vers Dieu, vers la Trinité, il faut que les gens prennent goût à la Trinité. Comment leur donner ce « goût » ? Que veut dire, à proprement parler, aimer les autres, sur un plan concret ? Dieu nomme ce qui sort du néant, du rien. Dès quil a nommé, il a une personne en face de lui ; la relation est établie. Or Dieu a, sur chacun de nous, un regard absolument unique et ce regard quil porte sur nous, continuellement, est tel quil nous voit réellement comme nous sommes. Tels que nous sommes et non pas tels que nous ne sommes pas. Ce qui veut dire que Dieu, sans cesse, nous voit selon ce que nous avons réussi et non pas selon ce en quoi nous avons échoué. Son regard sur nous est constamment positif et admiratif. Il faut donc que moi aussi je regarde lautre tel quil est, donc, dans sa « beauté » et non dans ce que je crois être sa misère. Il est beau, puisquil est à limage de Dieu. Lautre, cest une personne, mais je peux avoir de cette personne, pour de multiples raisons, une idée fausse, négative. Il faut donc que je me méfie des idées pessimistes que je peux avoir sur lui : comme des verres déformants, elles peuvent modifier, rendre mauvais le regard que je porte sur lui. Sans nous en rendre compte, nous fabriquons des verres déformants que nous plaçons, sans le savoir, entre notre il et notre frère. Pour parvenir à ce regard, la toute première étape, cest de saimer soi-même avant daimer les autres. Si lon veut aider lEglise à se faire, à répondre à la demande de Dieu, et donc à attirer nos frères, nous avons à rendre Dieu désirable. La meilleure manière dy parvenir cest de regarder les autres en face, en sinterdisant ou en arrêtant tout jugement négatif sur eux, même si nous ne les aimons pas, ou sils nous exaspèrent. Ce regard positif est le premier moyen que nous ayons daimer les autres. Nous nimiterons Dieu Père, Dieu Source, quen les regardant tels quil sont, beaux avant tout. Beaux à limage de Dieu. Vous avez des commentaires à faire ou des questions ? Vous pouvez aller à la rubrique « Ecrire » du menu principal. Retour
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